Né en 1928 à El-Harrouch, dans la wilaya de Skikda, cet ancien colonel de l'Armée de libération nationale (ALN) dans Wilaya II historique était considéré comme “un baroudeur” davantage un militaire ALN, organisateur que véritablement un politicien. Il fut plusieurs fois ambassadeur de la République algérienne dans plusieurs capitales notamment dans les pays arabes où il jouissait d’un prestige intact, avant de prendre les commandes de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM).

Ali Kafi fut un militant de la première heure du mouvement national, au sein du PPA; et un officier de l'ALN, à la tête de la Wilaya II historique dont il fut le chef, avec le grade de colonel, en remplacement de Lakhdar Bentobal. Sous les ordres de Zighoud Youcef, Ali Kafi participe aux offensives d'Août 1955. Un an plus tard, il fait partie de la délégation de la zone II au Congrès de la Soummam, et devient ensuite le dirigeant de la Wilaya II (de 1957 à 1959), après le départ de Lakhdar Bentobal en Tunisie.

En mai 1959, Ali Kafi est appelé à Tunis et devient un des dix colonels, qui vont réorganiser les instances dirigeantes de la Révolution (le GPRA et le CNRA). Au cours de la crise de 1962, Ali Kafi se retrouve du côté du GPRA.

À l'Indépendance, Ali Kafi est nommé ambassadeur dans plusieurs pays, à savoir la Syrie, le Liban, la Libye, la Tunisie, l'Égypte, l'Irak et l'Italie. Il fut également membre du HCE du 11 janvier 1992 au 2 juillet 1992, avant de succéder à Mohamed Boudiaf, assassiné le 29 juin de la même année. Ali Kafi a présidé le HCE de 1992 à 1994.

Depuis son retrait des affaires publiques, en 1994, Ali Kafi s’est imposé une réserve et, hormis les apparitions publiques lors de cérémonies officielles, le défunt ne s’exprimait plus sur l’actualité nationale mais il lui arrivait, rarement, de croiser le fer avec des historiens ou des politiques qui s’aventuraient sur le terrain sensible de la guerre de Libération nationale. Ainsi, ses mémoires avaient créé une vive polémique, notamment dans leur volet relatif au Congrès de la Soummam et aux circonstances de la mort d’Abane Ramdane. Mais, les mémoires, c’est connu, ne constituent qu’une partie de l’histoire. D’autres “historiques” ont dû, par la suite, créer la polémique en publiant leurs mémoires. C’est que l’histoire officielle de la Révolution pose toujours problème et que la réécriture de l’histoire reste à faire.

Avec la mort d’Ali Kafi, l’Algérie perd un autre repère de son histoire contemporaine, une histoire tumultueuse, souvent tue, parfois caricaturée et même folklorisée. La génération de Novembre s’en va, sans que l’histoire de cette glorieuse étape ne soit écrite. Il est peut-être dit, quelque part, que l’histoire s’écrirait sans eux.