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L'ex-patron des services secrets, le général de corps d'armée à la retraite Mohamed Mediène, alias Toufik, a diffusé un message, publié ce vendredi sur El Watan pour défendre son subalterne le général Abdelkader Aït Ourabi, dit Hassan, condamné à cinq ans de prison le 26 novembre dernier.

Jamais le légendaire et très secret chef du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) durant 25 ans ne s'était exprimé publiquement jusqu'à ce jour. «Consterné par l'annonce du verdict prononcé par le tribunal militaire d'Oran à l'encontre du général Hassan, et après avoir usé de toutes les voies réglementaires et officielles, j'ai estimé qu'il est de mon devoir de faire connaître mes appréciations à l'intention de tous ceux qui sont concernés par ce dossier, ainsi que tous ceux qui le suivent de près ou de loin», écrit-il.

La condamnation du général Hassan, responsable de la cellule antiterroriste du DRS, par un tribunal militaire pour «destruction de documents» et «infractions aux consignes générales» a d'ailleurs cette semaine suscité de violentes réactions. De la part de son avocat, d'abord, qui, brisant le secret du huis clos, a dénoncé «les violations des droits de la défense». De la part du général à la retraite Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, qui a qualifié cette condamnation de «criminelle» et par une partie de l'opposition politique qui s'est offusquée de la peine infligée à celui qu'elle présente comme un «héros de la lutte antiterroriste».

«En ce qui concerne l'opération qui lui a valu l'accusation dinfraction aux consignes générales, j'affirme qu'il a traité ce dossier dans le respect des normes et en rendant compte aux moments opportuns. Après les résultats probants qui ont sanctionné la première phase de l'opération, je l'ai félicité», écrit le général Toufik.

Ce message survient à un moment particulier de ce que l'on a l'habitude d'appeler «la guerre des clans», c'est à dire la lutte d'influence que livrent le cercle présidentiel (Abdelaziz Bouteflika, son frère Saïd, une partie du patronat et le chef d'état-major et vice-ministre de la Défense Ahmed Gaïd Salah) et les services secrets, représentés par le général Toufik jusqu'en septembre dernier.

En effet, à la fin de l'été, la Présidence a officiellement annoncé son départ à la retraite. Si depuis, l'homme le plus puissant d'Algérie été remplacé par Bachir Tartag, de nombreux hauts officiers assurent que son influence est intacte, en dépit du démembrement de ses services orchestré depuis deux ans par le Président Bouteflika pour les rattacher au commandement de l'état-major.

«Si Toufik parle maintenant, ce n'est pas anodin», commente un haut-gradé proche de Médiène. «Un front interne hostile à Bouteflika et à Gaïd Salah s'est constitué au sein de l'armée et du DRS. C'est une véritable déclaration de guerre car elle décrédibilise l'action du chef d'état-major. Cela sous-entend que Mediène aussi est capable dé révéler des choses.»

Dans le même sillon que celui du général Hassan, le général-major Medjdoub a été inculpé dans l'affaire du palais présidentiel de Zéralda ainsi que l'ancien commandant en chef de la 8e division blindée, le général Hocine Benhadid, interpellé suite à une interview donnée à une radio au cours de laquelle il critiquait ouvertement les proches d’Abdelaziz Bouteflika ainsi que le chef d’état-major.