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La semaine dernière, par exemple, au moins 200 personnes ont été tuées en 48 heures dans une série d’attaques dans le nord-est du Nigeria. Malgré les apparences, Boko Haram n’a jamais été en déroute. Bien au contraire, explique Yan Saint-Pierre, spécialiste du contre-terrorisme et président de la boîte MOSECON.

Les gains de la force multinationale (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun, Bénin) étaient essentiellement symboliques. Boko Haram n’a jamais défendu de territoires au cours de son existence, se contentant de laisser derrière lui une présence minimale. Cela fait partie de sa stratégie de la guérilla visant à maximiser mobilité et furtivité. Les militaires ont donc pu reprendre assez aisément les zones temporairement occupées par Boko Haram. Or comme aucune présence militaire ou policière n’a été renforcée sur les territoires repris par la coalition, Boko Haram a eu le champ libre pour mener ses récentes attaques.

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Boko Haram est aussi très habile en sachant adapter ses tactiques, stratégies et ressources en fonction des avancées des forces armées. Cette période d’ajustement dure de six à huit semaines environ. Suit ensuite une série d’attaques très violentes, comme c’est le cas depuis la fin du mois de mai. Cette dynamique a pu être observée à au moins quatre reprises depuis septembre 2013, révélant à la fois les forces de Boko Haram et les limites de l’armée.

Boko Haram existe toujours. La «Province ouest-africaine de l’Organisation de l’État islamique» est une organisation parapluie. Elle réunit les intérêts de plusieurs groupes — y compris Boko Haram — dont le fonctionnement est coordonné et facilité par Daesh, à partir de la Libye et de l’Algérie notamment. L’allégeance de Boko Haram envers Daesh lui permet d’avoir accès à plus de ressources et d’accroître son réseau, même s’il existe des différences idéologiques.

Il n’y a aucun doute que les moyens des djihadistes se sont accrus depuis leur serment allégeance, comme en témoignent la triste régularité et l’étendue des attaques depuis fin mai. En s’affiliant avec Daesh, Boko Haram est officiellement devenu un acteur régional, voire suprarégional, dont l’impact est de plus en plus visible au Mali, au Ghana et en Libye.

Pour rappel, un diplomate français avait révélé que Bouteflika avait parlé de l’inquiétude de l'Algérie face au mouvement Boko Haram en 2012! «Nous n’en étions pas encore à l’intervention militaire (française contre les groupes armées au nord du Mali) mais nous avons transmis notre grande inquiétude au président Abdelaziz Bouteflika», se rappelle le diplomate français. «Et là, il (Bouteflika) nous surprend. Le problème pour l’Afrique, nous dit-il durant le tête-à-tête présidentiel (avec François Hollande), ce n’est pas le Mali c’est Boko Haram. On est tombé de haut», ajoute l'interlocuteur. «Pour nous c’était une histoire de secte au Nigeria, sans plus. On ne l’a pas vraiment pris au sérieux.» ajoute le diplomate français. Lire l'article.