tibehirine.jpg
Selon une source judiciaire algérienne, l'accord entre Alger et Paris a été décidé lors de la récente visite du Premier ministre français Manuel Valls en Algérie, en avril. De son côté, la justice algérienne a pu obtenir des prélèvements d'ADN des familles des moines, utiles à l'enquête ouverte en Algérie.

Ces prélèvements avaient été effectués à l'automne 2014 lors d'une exhumation des crânes des religieux enterrés à Tibéhirine, mais les juges et les experts français qui y avaient assisté n'avaient pu les ramener de leur voyage. Des proches des moines avaient dénoncé une "confiscation des preuves" par Alger, alors que la version officielle, celle d'un enlèvement puis d'un assassinat par des terroristes du GIA (Groupe islamique armé) en pleine décennie noire, suscite encore des doutes.

Désormais, les experts français pourront travailler sur ces échantillons ramenés cette semaine après une visite de la juge d'instruction Nathalie Poux, qui dirige l'enquête depuis le départ du médiatique Marc Trévidic. Ce dernier n'avait pas hésité à envoyer une pique aux Algériens, en lançant en 2014: "Il va falloir savoir si on se moque de nous".

Grâce aux prélèvements, les experts pourront peut-être tirer des conclusions sur les circonstances et la date précise de la mort des religieux.

La thèse officielle a notamment été remise en question par les témoignages d'anciens officiels de l'armée nationale, difficiles à étayer, impliquant les services secrets militaires dans la mort des religieux. Ils mettent en lumière le rôle trouble joué à l'époque par l'émir du GIA Djamel Zitouni, considéré par certains comme un agent double.

Les sept moines avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère de Notre-Dame de l'Atlas, sur les hauteurs de Médéa. Les soupçons s'étaient immédiatement focalisés sur le GIA, mais la première revendication, signée de Djamel Zitouni, n'était tombée que le 26 avril.

Près d'un mois plus tard, le 23 mai, un communiqué affirme qu'ils ont été tués deux jours plus tôt, la gorge tranchée. Alger avaient ensuite annoncé avoir retrouvé "les cadavres", sur une route près de Médéa.

Un premier doute était intervenu lorsque le procureur général français (à l'époque), Armand Veilleux, venu en Algérie pour les hommages, avait demandé à reconnaître les corps. Dans les cercueils, il n'avait découvert que les têtes des moines, un secret caché aux familles.

Il a fallu attendre 2004 pour qu'une enquête judiciaire soit ouverte en France, après une plainte d'une famille.


Lire aussi:

Les sept moines ont été tués, enterrés, exhumés puis décapités
Un témoin met en cause l'armée nationale dans l'affaire des moines de Tibéhirine
Alger réclame l'audition d'ex-membres des services secrets français