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D'anciens militaires ont évoqué une manipulation des services secrets algériens, leur imputant la responsabilité du rapt. Comme mobiles possibles, la volonté de se débarrasser de témoins gênants, de faire pression sur la France ou de discréditer les GIA aux yeux de la communauté internationale.

C'est un nouveau témoignage allant dans ce sens, mais tout aussi difficile à corroborer, qu'a recueilli le 21 janvier le juge français Marc Trevidic.

Aujourd'hui âgé de 34 ans et vivant en Savoie où il est menacé d'expulsion, Mourad B. a expliqué au magistrat être entré fin 2006-début 2007 dans les services algériens, qui l'ont chargé d'infiltrer les rangs islamistes, sous le nom de code d'Abou Nadil, a rapporté à l'AFP une source proche du dossier.

Fin 2009, début 2010, il exprime le souhait d'arrêter de travailler pour les services. Cet soit disons infiltré explique qu'un supérieur l'aurait alors prévenu «qu'on ne sortait pas de chez eux comme on y entrait».

Un autre officier se serait ensuite fait plus précis dans ses menaces: «Si tu nous trahis, on fera ce que le colonel (...) a fait aux moines», l'aurait prévenu ce supérieur, selon sa déclaration.

Mourad B. quitte l'Algérie début 2011 pour la France.

Son titre de séjour a depuis expiré, le plaçant sous la menace d'une expulsion vers l'Algérie où, dit-il, il serait en danger.

Pour rappel, la thèse officielle est celle d'un crime commis par le Groupe Islamique Armé (GIA) de Djamel Zitouni qui contrôlait de nombreux maquis autour du monastère isolé Notre-Dame de l'Atlas, au sud d'Alger, où les moines avaient été kidnappés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Après avoir revendiqué le rapt, l'organisation avait annoncé le 23 mai la décapitation des captifs. Leurs têtes étaient retrouvées le 30 le long d'une route.