Les cancéreux sont livrés à eux-mêmesUne quinzaine d’associations d’aide aux malades cancéreux, venues des différentes wilayas du pays, animeront, aujourd’hui, une conférence de presse au forum d’El Moudjahid pour dénoncer les conditions précaires de la prise en charge médicale des cancéreux. «Actuellement, des patients décèdent au vu et au su de tout le monde, et on continue à dire que tout va bien. S’il y a quelques années, les spécialistes appréhendaient les récidives, aujourd’hui, ils n’arrivent même pas à entamer un traitement complet», tiennent à dénoncer les représentants de ces associations qui ont tenu une réunion hier à Alger.

La situation se dégrade
Pour la présidente de l’association El Amel du Centre Pierre et Marie Curie, la situation s’est sérieusement dégradée ces derniers mois. En plus de l’absence de traitement en radiothérapie, plusieurs drogues sont actuellement en rupture au niveau du CPMC. «Qu’ils arrêtent de nous dire qu’il n’y a pas de rupture, car notre association est sur le terrain, et il n’ y a pas un jour qui passe sans que des patients soient reprogrammés pour des dates ultérieures. Il y a eu effectivement un moment de répit, il y a quelques mois, mais aujourd’hui, je défie quiconque de nous montrer les médicaments nécessaires pour les traitements, selon les protocoles concoctés par les médecins. Pourtant, des sommes colossales ont été engagées pour la lutte anti-cancer», a-t-elle souligné avant d’énumérer les différents produits en question, à savoir l’acide zolidronique (associé dans le traitement de la chimiothérapie dans le traitement des cancers du sein, colorectal…) ; le Métothrexat sous toutes ses formes pharmaceutiques (MTX pour enfant et adulte), un produit de base, la Métomycine, la Ladriomycine, le Temgesic, un médicament contre les douleurs aigues, et enfin le Zofren utilisé contre les effets secondaires de la chimiothérapie. «Même le sérum bicarbonaté, utilisé dans les cocktails des drogues pour la chimiothérapie, est introuvable», regrette un membre d’une association.

La liste est encore longue, notamment dans les services de prise en charge du cancer à l’intérieur du pays. La situation est plus que catastrophique. Outre les ruptures des produits importants et les cycles des grèves dans les services, les traitements ne sont plus efficaces. D’ailleurs, il arrive, ajoute notre interlocuteur, que pour ne pas renvoyer les malades dans certains centres, «le peu de flacons disponibles sont répartis sur quelques malades et, généralement, le protocole n’est pas respecté dans sa totalité». «C’est un scandale !», lâche-t-elle.