CPMCUn problème qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui ne semble pas inquiéter les hautes autorités du pays. Malgré les appels incessants des associations de malades, les décès de jeunes patients pour faute de soins, les cris de détresse des praticiens et les écrits de presse, en vain.

Le Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) n’est plus en mesure de prendre en charge les malades au stade de soins de radiothérapie. Le chef de service a décidé d’arrêter la délivrance des rendez-vous depuis le mois dernier. Dans une lettre qu’il a adressée au Conseil médical et au directeur de l’établissement, en date du 12 août dernier, le professeur Afiane, chef de service, qualifie la situation de dramatique.

Il affirme que le service n’a plus les capacités pour prendre en charge le flux de patients qui arrivent chaque jour. Dans cette lettre, le professeur Afiane déclare avoir subi avec son équipe des pressions et des menaces de la part des parents de malades. «Une secrétaire a été agressée physiquement pour donner un rendez-vous de consultation pour un cancer du col utérin pour mars 2011 et le traitement en juin-juillet, un résident a été menacé par un le fils d’un malade.

Personnellement, je subis une pression à la limite du supportable, je passe la majeure partie de ma journée à recevoir des recommandés, des hospitaliers et le fait de leur refuser la prise en charge de leurs proches parents, où que j’aille, je suis interpellé, c’est insupportable», a-t-il déploré avant de signaler que les rendez-vous de consultation sont programmés pour fin mars 2011 et il faut attendre deux mois et demi pour commencer le traitement, ce qui signifie que «les malades qui accèdent à la radiothérapie sont mal traités (un an d’attente)», a-t-il précisé. Un aveu qu’il justifie par le cas d’un malade à qui «j’ai avancé le RDV de consultation, sous pression, le délai entre le centrage et le traitement était supérieur à deux mois, l’état du patient s’est dégradé par l’évolution de la maladie», a-t-il ajouté. Il a précisé que du 2 janvier au 10 août 2010, le service a pris en charge 1656 nouveaux patients. «Nous traitons un peu plus de 180 malades par jour, ce rythme est bien entendu maintenu durant tout l’été à ce jour», a signalé le Pr Afiane, qui estime que la situation va encore s’empirer surtout avec «l’arrêt de la prise en charge de la chimioradiothérapie par l’hôpital de Aïn Naâdja qui a assuré depuis janvier dernier des traitements à 70 patients que nous avons transférés», a-t-il signalé. Le chef de service de radiothérapie s’attend à une situation des plus insoutenables dans la prise en charge des malades puisqu’il déplore la perte de 5 manipulateurs qu’il souhaite remplacer d’ici le mois d’octobre prochain. Pour toutes ces raisons, le Pr Afiane se dit être dans l’obligation, après concertation avec ses assistants et à leur demande, «de suspendre les rendez-vous de consultation, reporter ceux de centrage, et ce, jusqu’à la normalisation de la situation, probablement la fin de l’année», a-t-il écrit, en attendant la réception d’un nouvel appareil et la formation des 5 manipulateurs pour pouvoir faire fonctionner cet appareil en janvier 2011 et augmenter les capacités de traitement et atteindre le nombre de 250 patients par jour.

«La pression que je subis sera sûrement plus forte, mais mon équipe pourra travailler avec un peu plus de sérénité et les malades qui seront pris en charge seront mieux traités», a-t-il encore indiqué. La normalisation de la situation n’est sûrement pas pour la fin de l’année en cours, puisqu’aucune solution n’est mise en route pour régler définitivement cette situation. Les centres de prise en charge prévus au niveau national n’étaient en fait que des projets qui n’ont pas toujours vu le jour.

Des promesses sont faites par tous les ministres qui sont passés au département de la Santé. La dernière est celle du ministre actuel de la Santé, Djamel Ould Abbès, qui a promis, cet été, de «lever toutes les entraves et prendre les décisions qu’il faut pour la prise en charge des malades cancéreux, notamment pour la radiothérapie». En attendant les solutions, les patients ont tout le temps de voir leur maladie récidiver et leur état de santé se dégrader. L’exemple de cet jeune patiente de 35 ans de Ouargla, décédée il y a quelques jours des suites d’un cancer du sein mois après une attente de 8 mois après sa cure de chimiothérapie, est édifiant.