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Le 20 mars 2016, le tribunal de première instance de Tlemcen a condamné Zoulikha Belarbi de la section locale de la Ligue algérienne des droits de l'homme, pour diffamation envers le président Bouteflika, conformément à l'article 144 bis du code pénal. Une amende de 100.000 DZD a été imposée.

Sanctionner quelqu'un pour avoir critiqué pacifiquement ou «insulté» des fonctionnaires de l'État constitue une violation des normes internationales relatives à la liberté d'expression.

«Si le droit à la liberté d'expression consacré dans la Constitution récemment révisée a un sens, alors l'Algérie devrait abolir les lois qui pénalisent la critique pacifique et la satire des fonctionnaires de l'État», a déclaré Sarah Leah Whitson, Directrice exécutive de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.

La police de Tlemcen a arrêté Zoulikha Belarbi le 20 octobre 2015 et l'a retenue au commissariat jusqu'au lendemain. Elle a été interrogée au sujet d'une publication Facebook montrant les visages de personnalités politiques, dont Bouteflika, retouchés à l'aide de Photoshop pour les faire ressembler aux personnages d'une série télévisée turque à succès, «Le Harem du Sultan».

Belarbi a commenté: «Je ne sais pas quand se terminera le feuilleton Bouteflika et quand il se réveillera de son faux rêve, devenu un cauchemar qui menace l'avenir de l'Algérie et de son peuple.»

Zoulikha Belarbi a reconnu la publication du photomontage et du commentaire, mais affirme avoir trouvé l'image ailleurs et ne pas en être l'auteur.

La constitution algérienne, révisée le 7 mars 2016, garantit le droit à la liberté d'expression en vertu de l'article 48. La constitution stipule que la liberté des médias n'est pas assujettie à une censure préalable et que les infractions ne peuvent être punies de peines de prison. Il est toutefois précisé que le droit à la liberté d'expression ne peut être utilisé «pour attenter à la dignité, aux libertés et aux droits d'autrui. La diffusion des informations, des idées, des images et des opinions en toute liberté est garantie dans le cadre de la loi et du respect des constantes et des valeurs religieuses, morales et culturelles de la Nation» (articles 50-51).

L'avocat de Zoulikha Belarbi, Salah Dabbouz, a indiqué à Human Rights Watch que le tribunal l'a condamnée pour «atteinte au président de la République», mais l'avait acquittée des accusations de «diffamation» et d'«outrage à corpsconstitué».

De nombreuses dispositions du Code pénal prévoient des peines d'emprisonnement pour l'expression pacifique. Par exemple, la peine pour distribution, vente et exposition publique de tracts, bulletins ou dépliants à des fins de propagande qui «peuvent nuire à l'intérêt national», ou leur possession à des fins de vente, de distribution ou d'exposition peut aller jusqu'à trois ans de prison.

La peine prévue en cas de diffamation ou d'insulte du président de la République, du parlement, de l'armée ou des institutions de l'Etat est d'un an de prison.