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Encore plus étonnant, une chaîne de télévision contrôlée par l'État, NTV, diffuse de nombreux extraits de cette vidéo d'une quarantaine de minutes. Semble-t-il que les cotes d'écoute ont été très bonnes.

On ne sait pas qui a installé la caméra et les micros qui ont capté tous les détails de cette rencontre adultère dans l'appartement de Mikhaïl Kassianov. Lui et sa compagne, Natalia Pelevine, semblent en tout cas ne se douter de rien.

Pourtant, Mikhaïl Kassianov s'attendait à des coups fourrés contre l'opposition, alors que le pays se prépare à des élections législatives, en septembre prochain, le vote le plus important avant les présidentielles de 2018, où Vladimir Poutine devrait solliciter un quatrième mandat.

Le leader tchétchène Ramzan Kadyrov, proche du président russe Vladimir Poutine, avait publié une vidéo montrant Kassianov dans la mire d'un tireur. Plus tard, il était entarté dans un restaurant de Moscou par une douzaine de Tchétchènes qui l'accusaient d'être un ennemi du peuple.

Les élections législatives de septembre semblent préoccuper M. Poutine au plus haut point. En février dernier, il ordonnait au Service fédéral de sécurité (FSB) d'être vigilant, affirmant que des «ennemis étrangers» cherchaient à saper ce vote. Et il ajoutait: «C'est pourquoi tout le monde doit savoir que nous allons travailler avec insistance pour défendre nos intérêts.»

M. Kassianov se sentait plus visé que les autres leaders de l'opposition, parce que, selon lui, son parti, le PARNAS (Parti de la liberté du peuple) était le seul adversaire susceptible de renverser un jour le gouvernement actuel.

Depuis la diffusion de la vidéo montrant ses ébats sexuels, M. Kassianov est resté silencieux, alors que sa compagne, Natalia Pelevina, dit vouloir poursuivre NTV pour atteinte à sa vie privée.

Kassianov ne s'attendait peut-être pas à ce que ses adversaires recourent à des tactiques de chantage et d'intimidation qui étaient monnaie courante sous le régime soviétique. De nombreux diplomates, hommes d'affaires étrangers ou «ennemis du parti» étaient ainsi filmés dans des situations compromettantes et forcés à collaborer avec le régime, sous peine de divulgation de ces images.

Le message envoyé à toutes les forces de l'opposition actuelle est en tout cas très clair: rien n'est sacré, tous les coups sont permis sur la route qui mène aux élections législatives du 18 septembre 2016.