C'est la fin du black-out. Le projet préliminaire portant sur la révision de la Constitution dévoilera enfin son contenu. Le fameux projet va atterrir ce jeudi chez les partis politiques.

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Après plus de deux ans d'attente, les partis seront les premiers à scruter les propositions retenues par la commission d'experts, faites sur la base des consultations menées par M.Bensalah en juin 2011.

En prévision du lancement des concertations au mois de juin prochain sous la tutelle de Ahmed Ouyahia, le document sera remis cette semaine aux partis pour leur permettre d'étudier le contenu et de faire des propositions.

Certainement, les partis auront beaucoup à dire sur cette plate-forme. Alors que les concertations n'ont pas encore commencé, les acteurs politiques prennent déjà position.

On assiste actuellement à une véritable avalanche d'opinions. Des avis contradictoires se manifestent, transformant le chantier de la Constitution en un terrain de combat entre l'opposition et certains partis proches du pouvoir. La feuille de route tracée par le président a encore exacerbé les tensions au sein de l'opposition.

Au lendemain du Conseil des ministres, tenu mercredi dernier, les réactions se sont multipliées dans les colonnes de la presse.

Les partis rejettent cette démarche et dénoncent encore une fois la mainmise du pouvoir sur le projet. Pour eux, l'ouverture des concertations n'est qu'une mise en scène et elle est loin de consacrer un changement profond.

D'autant plus que la désignation de Ahmed Ouyahia comme médiateur de la consultation constitutionnelle a refroidi les volontés dans la mesure où l'ancien Premier ministre ne réunit pas autour de lui la confiance recherchée. Loin de prendre acte du contenu du projet, les partis critiquent déjà la forme.

Le Front des forces socialistes (FFS) dit qu'il ne compte pas participer aux prochaines consultations sur la révision constitutionnelle, qui seront menées par l'actuel directeur de cabinet du président de la République, Ahmed Ouyahia.

Son premier secrétaire, Ahmed Betatache, a assuré, samedi dernier, que la seule solution appropriée à la crise actuelle est la mise en oeuvre d'un véritable processus de transition démocratique pour la reconstruction d'un consensus national.

Le FFS se dit convaincu que c'est l'unique moyen permettant l'élaboration d'une Constitution consensuelle dans laquelle toutes les sensibilités et les franges de la société vont se reconnaître.

Le parti Al-Adala émet les mêmes réserves. Le député Lakhdar Benkhelaf estime que la désignation de Ahmed Ouyahia pour diriger les discussions est «une raison suffisante», selon lui «pour ne pas participer à ce dialogue».

Un avis partagé par le MSP, le RCD et le parti de Djaballah. Les partis rejettent même la démarche tracée par l'Etat, à savoir négocier sur la base de la plate-forme des propositions. Pour eux, cette démarche signifie le manque de volonté politique chez l'Etat pour aller vers une Constitution profonde qui consacre le changement.

Qualifiant ce projet de bricolage, les partis exigent de recommencer à zéro les concertations. «Nous ne répondrons pas aux réformes de raccommodage», a assuré Abderrezak Makri.

Malgré les assurances avancées par le chef de l'Etat, l'opposition refuse de prendre part à ce processus. De l'autre côté, les formations proches du pouvoir applaudissent cette démarche et assurent de participer en force à ce chantier. Celles-ci ne perdent pas de temps et s'attèllent déjà à élaborer des propositions.

Le FLN semble avoir dégagé ses offres. Son secrétaire général, Amar Saâdani, a affirmé récemment que les propositions formulées par sa formation sont très importantes dans la mesure où le FLN aspire, en tant que parti majoritaire, «à gérer et à former le gouvernement après la révision de la loi fondamentale».

Le RND estime que quelles que soient les différences d'avis, les intérêts suprêmes du pays nécessitent l'implication de toutes les forces dans la construction d'un Etat fort. Il a appelé les partis de l'opposition à «ne pas douter de la sincérité et du sérieux» de l'initiative présidentielle et «à ne pas avoir des positions par anticipation quant à ses résultats».