eiil-flag.jpgLe groupe radical sunnite E.I.I.L. (DÂACH «داعش» en arabe ou ISIS en anglais) a été créé il y a une dizaine d'années en Irak au début de l'intervention américaine. D'abord connu comme l'Al-Qaïda d'Irak, le mouvement a pris le nom d'État islamique en Irak et au Levant avec le début du soulèvement en Syrie.

Le groupe (qui compte quelque 5000 combattants seulement en Irak) lance régulièrement des attentats anti-chiites. À sa tête se trouve Abou Bakr Al-Baghdadi, mystérieux chef de guerre irakien dont on ne connaît que deux photos peu récentes.

S'étant progressivement dissocié d'Al-Qaïda, l'E.I.I.L. veut appliquer une version très sévère de la loi islamique dans un État qui chevaucherait la Syrie et l'Irak. Mais ses méthodes extrêmement violentes (tortures, décapitations, enlèvements) provoquent le ressentiment des populations qui vivent sous son contrôle.

Pourquoi le groupe a-t-il pris une telle ampleur?
L'E.I.I.L. profite de la politique sectaire du premier ministre irakien chiite Nouri Al-Maliki, qui marginalise de plus en plus les communautés sunnites et kurdes. Soutenus par les tribus sunnites, les insurgés ont en quelques jours pris le contrôle de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, et de sa province, puis de Tikrit, ville située à 160 km de Bagdad.

«Le côté sunnite est monopolisé par les radicaux. À Mossoul ou à Fallouja, la population doit choisir entre le pouvoir de Bagdad qui la méprise, et ces gens qui arrivent avec un discours de libération sunnite», explique François Brousseau, chroniqueur canadien en information internationale.

Depuis que la guerre ravage la Syrie, le mouvement s'est étendu au pays voisin, notamment dans l'est, recréant une continuité territoriale avec l'Irak. Avec d'autres groupes islamistes, l'E.I.I.L. profite du vide politique créé par le régime du président syrien Bachar Al-Assad.

L'E.I.I.L. compte environ 10 000 combattants en Syrie, des volontaires venus de partout au pays, mais aussi d'Europe et des États-Unis. Le groupe se bat sur deux fronts: contre le régime, mais aussi contre les différentes factions de la rébellion, dont le groupe armé tchétchène le Front Al-Nosra, groupe lié à Al-Qaïda, à qui l'E.I.I.L. reproche notamment le laxisme dans l'application de la charia.

Pendant ce temps, le président syrien a tout à gagner des divisions au sein du camp djihadiste. L'E.I.I.L. lui sert ainsi d'épouvantail djihadiste qu'il peut agiter devant les Occidentaux.

Allié du président syrien Bachar Al-Assad, l'Iran chiite s'inquiète quant à elle de l'avancée des insurgés sunnites de l'E.I.I.L., à un point qu'il n'exclut pas la possibilité de coopérer avec son ennemie juré, les États-Unis.