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C'est la première fois dans l'histoire de l'Algérie indépendante, qu'un billet de banque comportera le portrait d'un personnage de la vie nationale. Amatrice de la faune sauvage, la Banque d'Algérie nous a habitué à représenter une panoplie d'animaux, même ceux qui n'ont jamais existé en Algérie. Cette fois, la Banque d'Algérie a choisi la symbolique photo des "Six".

Un nouveau billet de 2000 DZD à l’effigie des fondateurs du Front de Libération Nationale (FLN), sera mis en circulation aujourd'hui même, un peu plus de 67 ans après qu'un photographe de Bab El Oued, ait immortalisé le moment. Cette photo, prise juste avant le déclenchement de la guerre de révolution nationale le 1er novembre 1954, montre six hommes tous recherchés par la police coloniale française: quatre sont debout, deux sont assis sur des chaises. Le plus âgé, Ben Boulaïd, avait 37 ans et le plus jeune, Didouche Mourad, 27 ans. Ce sera l’unique photo de ce groupe que la guerre va séparer.

200-dzd.jpg Debout, de gauche à droite: Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaid, Mourad Didouche et Mohamad Boudiaf.
Assis: Krim Belkacem, à gauche, et Larbi Ben M’Hidi, à droite.)

Les six sont tous membres du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD), principal parti héritier du Parti Populaire Algérien (PPA, fondé par Messali Hadj). Mais surtout, appartenant à l’OS (Organisation Secrète), mouvement paramilitaire mis en place en 1947 par le MTLD pour déclencher l’insurrection armée avant d’être démantelé en 1950 par la police française.

Le 10 octobre 1954, au 24, rue Bachir-Bedidi, dans le quartier de Raïs-Hamidou sur la côte ouest d’Alger, les six hommes viennent de mettre une touche finale au texte qui donnera naissance au FLN et le signal de la lutte armée. En costume-cravate, ils se rendent à Bab El Oued chez un photographe pour immortaliser ce moment qui va marquer l’histoire contemporaine de l'Algérie.

Après avoir fixé la date de l’insurrection, l’un des six, Krim Belkacem, se rend en Kabylie au village d’Ighil Imoula, siège du Comité de Kabylie, une structure du MTLD. Il y rencontre l’un de ses membres, Ali Zamoun, 21 ans, futur officier de l’Armée de Libération Nationale (ALN, la branche armée du FLN) à qui il remet la Proclamation du 1er Novembre, et le charge de la faire tirer en plusieurs milliers d’exemplaires.

Dans la lettre, il est écrit: « Début des opérations: cette nuit, à partir de l’heure du matin. Respecter scrupuleusement les consignes, ne tirer sur aucun civil européen et musulman. Tout dépassement sera sévèrement réprimé. Bonne chance et que Dieu vous aide. »

Didouche Mourad est tué le 18 janvier 1955, à Constantine, il avait 27 ans.
Mostefa Ben Boulaïd est tué le 22 mars 1956 à Menaa, par l'armée française.
Larbi Ben M’Hidi est arrêté et torturé à mort par le général Aussaresses en 1957.
Krim Belkacem est assassiné par Boumédiène, le 18 octobre 1970 à Francfort en Allemagne.
Mohamed Boudiaf, élu président de l'Algérie indépendante en 1992, est assassiné à Annaba le 29 juin 1992.
Rabah Bitat, (emprisonné de 1955 à 1962) fidèle allié de Boumédiène et de Bouteflika, est un des piliers du pouvoir central algérien. Il meurt le 10 avril 2000, à l'âge de 74 ans, à l'hôpital Broussais à Paris en France.