Le calme est revenu samedi dans la ville, mais le général Khalifa Haftar, l'une des figures de la révolte contre le régime de Mouammar el-Kadhafi en 2011, a annoncé qu'il allait lancer une nouvelle attaque contre les islamistes d'Ansar al Charia, appuyés par un autre groupe djihadiste.

Il a conseillé à la population civile de quitter les quartiers ouest de la ville où se sont déroulés les combats pendant plusieurs heures la veille.

«Nous demandons aux habitants des quartiers de Quarsha, Al Haouari et Sidi Faradj d'évacuer dès aujourd'hui leurs maisons», a déclaré Mohamed Al Hedjazi, porte-parole des fidèles du général Haftar.

Des dizaines de familles ont aussitôt suivi cette consigne.

Le général Haftar s'est autoproclamé chef d'une «Armée nationale libyenne» (ANL) et s'est fixé pour objectif de rétablir la légitimité de l'État libyen en chassant les islamistes de la ville.

Appuyées par des hélicoptères, ses forces ont bombardé vendredi les positions de leurs adversaires.

L'aéroport Benina de Benghazi reste fermé.

Le coup de force du général Haftar est un nouveau défi lancé au fragile gouvernement central en place à Tripoli.

Le premier ministre libyen, Abdallah al Thinni, a ordonné à l'armée régulière de neutraliser tous les groupes armés opérant dans Benghazi, y compris la nouvelle ANL.

Dans la Libye en pleine déliquescence de l'après-Kadhafi, assassinats et attentats à la bombe attribués aux islamistes visent régulièrement l'armée à Benghazi, capitale de la Cyrénaïque.

Ansar al-Charia a été ajoutée cette année à la liste des organisations considérées comme terroristes par les États-Unis.

Le mouvement a ses propres points de contrôle dans Benghazi et gère aussi un certain nombre d'associations caritatives.

En février, le général Haftar était apparu en uniforme militaire à la télévision en appelant à la création d'une commission présidentielle qui gouvernerait jusqu'à de nouvelles élections, ce qui avait suscité des rumeurs de coup d'État.

Le gouvernement libyen avait indiqué que le général n'avait aucune autorité et l'avait menacé de poursuites judiciaires.

L'armée libyenne est toujours en phase de formation et le gouvernement central reste fragile et paralysé par les rivalités internes. La nouvelle constitution reste à écrire et le pays en est à son troisième premier ministre depuis le mois de mars.

Pour constituer son armée, le gouvernement central est aidé par les États-Unis et les pays de l'Union européenne, mais il n'est pas à même de contrôler les brigades constituées par d'anciens rebelles qui ont combattu Kadhafi, mais qui refusent de déposer les armes.