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Selon les médias, le rappel de l’ambassadeur à Paris est motivé par des déclarations d’Emmanuel Macron dans un article du journal Le Monde paru plus tôt dans la journée . Dans cet article, le président français estime qu’après son indépendance en 1962, l’Algérie s’est construite sur "une rente mémorielle", entretenue par "le système politico-militaire". Le chef de l’Etat évoque aussi "une histoire officielle" selon lui "totalement réécrite" qui "ne s’appuie pas sur des vérités" mais sur "un discours qui repose sur une haine de la France".

L’article du Monde cite un dialogue entre Emmanuel Macron et une vingtaine de jeunes dont les parents ou grands-parents étaient des Harkis, paramilitaires au service de la France durant la guerre de l'Independence. En réponse à une jeune fille qui a grandi à Alger, le président a confié ne pas penser qu’il y ait une haine contre la France "de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle".

Selon lui, "on voit que le système algérien est fatigué, le Hirak (à l’origine de la démission en 2019 du président Abdelaziz Bouteflika, récemment décédé) l’a fragilisé". Dans son échange avec les jeunes, le président français assure avoir "un bon dialogue avec le président -Abdelmajid Tebboune-", ajoutant toutefois : "Je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur".

Selon les médias locaux, un autre passage des déclarations d’Emmanuel Macron a provoqué l’ire des autorités. "Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question", s’est interrogé le président français, en rappelant qu’il y a eu "de précédentes colonisations".

Sur un ton ironique, il s’est ainsi dit "fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée", en allusion à l’Empire ottoman, "Et d’expliquer qu’on est -les Français- les seuls colonisateurs, c’est génial". Hormis le Maroc où il n’a pas réussi à s’imposer durablement, l’Empire ottoman a dominé du 16e au 18e siècle l’Afrique du nord qu’il avait organisée en trois provinces : Alger, Tunis et Tripoli.

Pour rappel, Paris avait annoncé mardi une forte diminution du nombre de visas accordés aux ressortissants de l’Algérie invoquant un refus de Alger de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France. "Cette décision, qui est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne, comporte l’anomalie rédhibitoire d’avoir fait l’objet d’un tapage médiatique générateur de confusion et d’ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d’application', a estimé Alger.

Pour information, sur les 7731 demandes d'extraditions de ressortissants algériens, seulement 22 furent effectuées par Alger.