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Trois ans après la terrible attaque dans les environs de Damas, à la Ghouta, où les habitants avaient été intoxiqués au gaz sarin, Bachar al-Jaafari, représentant syrien auprès des Nations unies, a déclaré que le renseignement français l’aurait organisée pour détourner l’attention des inspecteurs d’un autre incident imputé aux rebelles.

«L'utilisation d'armes chimiques dans la région de Damas était destinée à empêcher Oke Selstrem (chef du groupe des inspecteurs) de se rendre à Alep, car la France savait qui avait utilisé des armes chimiques à Alep. Ils voulaient empêcher Oke Selstrem d'atteindre Alep par tous les moyens, de ce fait, ils ont utilisé des armes chimiques à Damas, avec l'implication du renseignement français», a-t-il déclaré dans une interview à The Independent.

L’attaque dont les services de renseignement auraient voulu détourner l'attention de l’ONU est le bombardement chimique du 19 mars 2013 à Alep, qui avait causé la mort de 25 personnes.

Pour rappel, le 21 août 2013, l’attaque chimique de la Ghouta avait mené à la mort de plus de 1.500 personnes. Les images d’enfants suffocant avaient été diffusées par tous les médias.

Le 12 décembre 2013, l’ONU avait publié un rapport où était confirmée l’existence de «preuves flagrantes et convaincantes de l'utilisation d'armes chimiques contre des civils, dont des enfants», mais l’auteur de l’attaque n’avait pas été identifié.

Pourtant, les services de renseignements américains et français avaient promptement imputé ce crime au gouvernement de Bachar el-Assad, sans autre preuve que leurs suppositions.

Néanmoins, un an plus tard, ces conclusions avaient été remises en cause par le rapport du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Un ancien inspecteur de l'ONU et spécialiste des missiles, Richard Lloyd, et un professeur du MIT, Theodore Postol, avaient conclu que l’attaque chimique n’avait pu être lancée que depuis une zone tenue par les milices de l’opposition.

Ayant étudié les photos et vidéos publiées sur internet des ogives, les restes de roquettes, les impacts sur le sol, et les barils contenant le gaz sarin, ils avaient pu déterminer l’armement utilisé. Il s’agissait, d’après eux, de missiles Grad, dont la portée ne dépasse pas cinq kilomètres, et sur lesquels étaient fixés les barils de gaz.

«L’imprécision du Grad est assez importante, ce qui expliquerait les nombreuses pertes civiles de la Ghouta», expliquaient-ils.