maradona.jpg
Le "Pibe de Oro" (gamin en or), l’auteur de la "Main de Dieu", Diego Armando Maradona est décédé des suites d’un arrêt cardiaque en Argentine, selon son porte-parole Sebastian Sanchi.

Diego Maradona est mort, mercredi, après 60 années d’une vie de réussites et de travers. Le plus grand joueur de son époque, peut-être de tous les temps, un footballeur magnifique qui a couché des milliers d’œuvres d’art sur les pelouses du monde. Cette Coupe du monde de 1986, ce match contre les Anglais, ces deux buts entrés dans l’histoire pour des raisons tout à fait différentes. Son but inscrit de la main, suivi du but du siècle marqué en passant à travers toute l’équipe anglaise ou presque.

Quatre ans après la victoire britannique contre l’Argentine dans la courte guerre des Malouines, Maradona, provocateur, rappelait à l’adversaire qu’il pouvait le battre à sa manière. En se moquant des règles, qu’elles soient écrites ou non. On n’est pas censé toucher le ballon de la main. Mais on n’est pas non plus censé jouer comme un gamin plus futé que les autres sur un terrain vague en plein quart de finale d’un Mondial, et encore moins gagner de la sorte.

Les entorses aux règles plus fondamentales de l’existence – la sobriété, la fidélité, l’épargne, les bonnes fréquentations – ont nécessairement contribué à son déclin. La carrière internationale de Maradona prend fin dans la tourmente avec un test antidopage positif à la Coupe du monde de 1994.

C’est la suite logique de problèmes de consommation qui le hantent alors depuis une dizaine d’années. D’autres seraient cloués au pilori pour de telles frasques. Maradona provoque plutôt le chagrin d’une nation, ce jour de l’été 1994. Ça n’empêchera en rien la création, quatre ans plus tard, d’une Église de Maradona.

Il aura fourni au peuple argentin certaines de ses plus grandes émotions, à commencer par ce titre de champion du monde de 1986, et c’est bien ce qui explique l’ampleur de son désarroi aujourd’hui.

Le "pibe de oro" aurait pu se décrire en statistiques ou en termes techniques. Ses deux improbables championnats à Naples, tous ses buts avec Boca Juniors ou Barcelone, ses dribles, ses changements de direction. Mais il se décrivait d’abord et avant tout en sentiments et en sensations.

Diego Maradona déclare à un cinéaste: "... sais-tu quel joueur j’aurais été si je n’avais pas pris de cocaïne? Nous sommes passés à côté de tout un joueur!". Quel joueur aurait-il pu être? Est-il si important de chercher une réponse à cette question quand il a déjà procuré à des millions de personnes les émotions les plus fortes possible?