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Une infirmière tente d'apaiser le bébé en pleurs: la petite fille a été secourue par la police dans un hôpital privé du centre de l'Inde soupçonné d'avoir alimenté un trafic d'enfants nés de mères célibataires.

«Elle est trop faible et a besoin de soins adaptés», explique l'infirmière tout en dorlotant la petite fille née en sous-poids. «Je prie pour qu'un couple bien l'adopte et l'élève comme si c'était le sien», ajoute-t-elle depuis l'hôpital public de la ville de Gwalior (centre).

La police soupçonne le Palash Hospital, une structure privée, d'avoir vendu des bébés pour 100.000 roupies (165.000 DZD) par l'intermédiaire d'agents ayant convaincu des mères célibataires d'accoucher dans l'établissement pour ensuite y abandonner leur enfant.

«Les agents recherchaient méticuleusement des femmes enceintes qui voulaient avorter, afin de les convaincre d'aller jusqu'à l'accouchement», explique Kumar Prateek, un haut responsable policier chargé de l'enquête.

«Il s'agissait de femmes célibataires, vulnérables. L'hôpital les a trompées, leur garantissant le secret en échange de ces naissances», explique-t-il, alors que les mères célibataires en Inde sont stigmatisées.

La police dit avoir identifié cinq cas de bébés nés dans l'établissement privé désormais fermé et vendus illégalement à des couples. Elle craint de nouveaux cas de bébés ayant été victimes de ce trafic, les registres de l'hôpital recensant plus de 700 naissances au cours des dernières années.

Les experts soulignent que le vol et la vente de bébés ne sont pas inhabituels en Inde, parfois directement à l'hôpital où médecins et infirmières peuvent être impliqués pour alimenter les réseaux.

Mais les enquêteurs jugent inhabituel que des agents ciblent des femmes enceintes, conscientes d'alimenter un trafic et acceptant d'accoucher dans un hôpital.

«A la différence du foeticide féminin et de l'avortement illégal, qui sont un problème majeur pour nous, les naissances à l'hôpital n'ont jamais éveillé de soupçons», explique Anoop Kamthan, responsable des services de santé de la ville. Ce trafic «ne faisait pas de vagues car les femmes abandonnaient volontairement leur bébé».

Certains parents se tournent vers l'adoption illégale en raison des procédures longues et astreignantes en place leur imposant des formalités sans fin, soulignent les experts.

Le gouvernement de Narendra Modi a modifié la procédure depuis son arrivée au pouvoir en 2014 pour l'accélérer et multiplier les adoptions. Quelque 3.000 adoptions légales ont été enregistrées en 2015.

L'un des couples s'est dit anéanti après avoir découvert qu'il avait adopté un bébé issu d'un réseau de trafiquants. Ils ont refusé d'expliquer comment ils avaient adopté mais assurent l'avoir fait légalement.

«Nous avons effectué toutes les étapes pour adopter le nouveau-né. On nous a pris de l'argent sous prétexte de formalités, mais tout semblait clair», a dit le père sous couvert d'anonymat. «Nous élevons l'enfant avec soin et amour. Comme si nous lui avions donné naissance», ajoute-t-il, expliquant avoir choisi l'adoption après cinq ans de tentatives vaines de conception.

Le couple risque de perdre la garde de l'enfant, la police essayant de retrouver la mère et envisageant de placer l'enfant dans un orphelinat.

De retour à l'unité de soins intensifs de Gwalior, les infirmières surveillent attentivement la petite d'un mois, après qu'un autre bébé, provenant de l'hôpital en cause, soit mort pour des raisons inconnues. Une fois rétablie, elle sera placée dans un orphelinat.