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Daesh a mis la main sur la production syrienne de coton, inquiétant certains fabricants de vêtements, mais le risque de retrouver dans nos t-shirts du coton «Made in Daech» acheminé par des voies tortueuses est très limité. Outre le pétrole et le blé des plaines céréalières, les jihadistes ont pris le contrôle des «trois quarts de la production de coton», dont la Syrie était un exportateur relativement important avant la guerre, indique à l'AFP Jean-Charles Brisard, spécialiste du financement du terrorisme.

Dans les plus grandes maisons de luxe de Paris, le sujet est d'actualité. Sous couvert d'anonymat, une source chargée des approvisionnements pour les collections haute couture d'une enseigne prestigieuse reconnaît se montrer particulièrement vigilante sur la provenance des tissus.

«Notre fournisseur habituel nous a envoyé cet été des rouleaux de tissu sans le bordereau d'origine, nous avons demandé aux ateliers de ne pas y toucher en attendant d'avoir tous les certificats requis...» «Vous imaginez! Se retrouver avec un coton fourni par Daech!» ajoute-t-elle après une pause.

Daesh revend donc désormais le coton à des intermédiaires qui les transportent vers des centres d'égrenage, où est traité le coton brut, dans des régions tenues par le régime de Bachar el-Assad, car l'égrenage, tout comme l'exportation, est monopole d'Etat en Syrie. Ces centres d'égrenage se trouvent notamment à Hama et Homs.

A cause du conflit, «il est difficile d'avoir une image précise de ce qui se passe réellement sur le terrain. Si du coton syrien passe en Turquie, cela se fait probablement par des canaux non officiels», estime José Sette, directeur général de l'ICAC, organisme représentant les pays producteurs et consommateurs de coton, auquel adhérait la Syrie jusqu'en 2013.

Le conflit a provoqué l'effondrement de la production syrienne, passée de 600.000 tonnes/an à un volume compris entre 70.000 et 100.000 tonnes aujourd'hui, dont 3000 tonnes sont officiellement exportées, selon les estimations de l'ICAC.