ghazi_hamel_zaalane.jpg Photo: Mohamed Ghazi, Abdelghani Hamel et Abdelghani Zaalane.

Le procès en appel de "Madame Maya", une femme d’affaires algérienne qui se faisait passer pour la fille du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, s’est ouvert samedi à Tipaza, à l’ouest d’Alger.

Jugée pour corruption, l’influente "Madame Maya", de son vrai nom Zoulikha-Chafika Nachinache, a été condamnée en première instance le 14 octobre, à douze ans de prison ferme, à une amende de six millions de dinars et à la saisie de ses biens. Elle avait notamment été reconnue coupable de "blanchiment d’argent", "trafic d’influence", "dilapidation de deniers publics" et "transfert illicite de devises vers l’étranger".

Inconnue du grand public avant cette affaire en justice, "Madame Maya" a bâti une fortune colossale sur une rumeur qui faisait d’elle la fille cachée de l’ancien chef d’État, Abdelaziz Bouteflika. Largement relayée par l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika, la rumeur lui a permis de bénéficier de nombreux privilèges et de la protection de hauts responsables comme l’ancien patron de la police, Abdelghani Hamel. Mais la chute d’Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir en avril 2019, a marqué sa descente aux enfers.

En juillet 2019, lors d’une perquisition dans sa résidence d’État à Moretti, une station balnéaire chic de la banlieue d’Alger, les services de sécurité ont découvert une véritable caverne d’Ali Baba. Ils ont saisi près de 130 millions de DZD, 270.000 euros, 30.000 dollars et 17 kg de bijoux en or. L’enquête a révélé ses liens avec plusieurs hauts responsables.

Dans sa chute, elle a entraîné deux anciens ministres, Mohamed Ghazi et Abdelghani Zaalane, ainsi que l’ancien puissant patron de la police. Chacun d’eux a écopé de dix ans de prison ferme dans cet énième scandale de corruption de la fin de l’ère Bouteflika. Ses deux filles, Imène et Farah, ont été condamnées à cinq ans de prison ferme.

"Madame Maya monnayait sa carte de visite. Sa villa à Moretti était devenue une sorte de salon privé", explique Farid Alilat, journaliste et biographe d’Abdelaziz Bouteflika. "C’était une femme de l’ombre. Influente, mais très discrète", ajoute-t-il. Il affirme qu’une "première enquête menée en 2017 avait permis de découvrir le pot aux roses", sans suite.