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Ce mercredi devait clore le dernier procès devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), qui ferme ses portes en décembre. Il a pris une toute autre tournure, dramatique, lorsque Slobodan Praljak a sorti une fiole de sa poche et avalé son contenu de couleur marron. Son avocat a immédiatement prononcé le mot «poison», une situation inédite dans la salle feutrée du tribunal.

«Un des six accusés dans le procès (...) est mort aujourd'hui à l'hôpital HMC de La Haye», où il a été transporté après avoir «bu un liquide dans la salle d'audience». «Il s'est rapidement trouvé mal», a déclaré Nenad Golcevski, porte-parole du tribunal, visage fermé et sueur sur le front, devant des journalistes.

Personne ne sait encore comment l'accusé a pu entrer dans l'enceinte du tribunal avec une fiole contenant du liquide, le porte-parole refusant de «communiquer là-dessus».

«Praljak n'est pas un criminel», «je rejette votre verdict», avait déclaré l'accusé juste après la confirmation par le tribunal de sa condamnation à 20 ans de prison, debout devant les juges, le regard dur et déterminé.

Puis, l'homme aux cheveux et à la barbe blanche a sorti une fiole de sa poche et a avalé son contenu.

Une onde de choc et de stupeur s'est propagée dans la salle d'audience. Quelques instants après, des journalistes ont pu voir des secouristes se précipiter à l'intérieur du tribunal survolé par un hélicoptère.

Il s'agit d'un drame inédit dans l'histoire du TPIY. La salle, théâtre du drame, est désormais une «scène de crime», selon le juge.

Un périmètre de sécurité a ensuite été installé. «La police néerlandaise a ouvert une enquête», a annoncé le juge-président Carmel Agius, qui a repris l'audience en début d'après-midi dans une autre salle.

L'incident est survenu lors du prononcé du jugement en appel contre six ex-dirigeants et chefs militaires des Croates de Bosnie, accusés de crimes de guerre et crimes contre l'humanité durant le conflit croato-musulman (1993-1994) qui a éclaté durant la guerre en Bosnie (1992-1995).

Il s'est produit juste après que les juges eurent confirmé la condamnation à 25 ans d'emprisonnement contre l'ex-dirigeant des Croates de Bosnie, Jadranko Prlic, alors que quarante ans avaient été requis contre lui.

Le principal accusé a été reconnu coupable d'avoir mené le transfèrement de populations musulmanes lors de la guerre de Bosnie et d'avoir eu recours à des meurtres, des viols et des destructions de biens civils dans le but de créer une «grande Croatie» au cours de cette guerre qui a fait plus de 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés.

Siégeant à La Haye, le TPIY s'est prononcé ce mercredi pour la toute dernière fois, après près d'un quart de siècle consacré à juger ceux qui ont commis les pires atrocités en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.