Depuis 2009, Zero2infinity exploite des ballons de haute altitude et fait voler des charges techniques, scientifiques et commerciales à plus de 30 km au-dessus du sol. Cette société espagnole développe aussi une structure gonflable pressurisée faisant office de nacelle pour envoyer des humains se promener dans la stratosphère en ballon, à quelque 36 km d’altitude. Un premier vol d’essai est prévu en 2015 et une mise en service possible dès 2017.

bloo.jpgÀ ce projet s’ajoute celui, tout aussi ambitieux, d’un système de lancement de petits satellites à partir d’un ballon. L’idée est de l’utiliser pour amener le lanceur jusqu’à une trentaine de kilomètres d’altitude d’où il s’en séparera pour rejoindre l’espace. Démarrant son voyage au-dessus de 99 % de la masse de l’atmosphère, l'engin subira une traînée plus faible et consommera donc moins de propergol pour la satellisation.

Le lancement stratosphérique convient aux petits satellites

Ce système sera composé de trois étages et neuf moteurs identiques, fonctionnant avec un mélange de méthane et d’oxygène, capables d’emporter des petits satellites jusqu’à 75 kg sur des orbites polaires à 600 km d’altitude. Sous certaines conditions, c’est-à-dire des orbites plus basses ou différentes, des charges utiles plus lourdes sont possibles. Quant au choix d’un nombre élevé de moteurs, il participe à la fiabilité du lanceur. En effet, si l’un d’entre eux devait tomber en panne, la mission s’accomplirait malgré tout. À cela s’ajoute qu’ils sont tous identiques, ce qui contribue à réduire les coûts et les délais de développement.

Pour justifier l’investissement sur ce créneau très convoité du marché du lancement de satellites, Zero2infinity part du postulat que cet accès à l’espace pour de petites charges utiles est très mal desservi. De nombreux projets de petits satellites n'ont pas de lanceur dédié et d’autres sont handicapés par le coût élevé de l’accès à l’espace et la rareté des opportunités de lancement. Aujourd’hui, ces satellites sont souvent lancés comme « piggy back » à l’occasion de tirs plus importants ou par grappes à bord de missiles russes reconvertis. D’où le besoin d’offrir à ces petites charges utiles la possibilité de choisir leurs propres orbites et dates de lancement.

Cela étant, la concurrence sera vive. Certes, ce marché est en plein essor et encore mal desservi mais un peu partout dans le monde des projets privés, s’appuyant également sur des systèmes aéroportés, sont annoncés. On citera par exemple Virgin Galactic et son LauncherOne ou encore le véhicule suborbital Soar, doté d’un étage supérieur de Swiss Space Systems.

Les tests préliminaires du système ont d’ores et déjà débuté. En septembre 2013, un prototype de réservoir gonflable a volé à une altitude de 27 km et une version d’essai d’un moteur a été testée avec succès en septembre 2014. Ce fut le premier allumage d’un moteur-fusée liquide privé, développé et financé en Espagne.

À ce jour, Zero2infinity annonce que seules des lettres d’intention (pré-ventes) pour un total de 200 millions d’euros ont été signées. Ce système de lancement pourrait être opérationnel dès 2017 et serait rentable avec un objectif de cinq tirs par an.