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Des dizaines de princes, de ministres et d'hommes d'affaires ont été arrêtés en Arabie saoudite lors d'une opération anti-corruption qualifiée de «décisive» par les autorités. Le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane continue de renforcer son emprise sur le pouvoir.

Le célèbre milliardaire et homme d'affaires Al-Walid ben Talal fait partie des 11 princes appréhendés samedi soir, ont indiqué des médias. Parallèlement, Metab ben Abdallah, chef de la puissante Garde nationale saoudienne, un temps considéré comme prétendant au trône, ainsi que le chef de la Marine Abdallah Al-Sultan et le ministre de l'Economie Adel Fakih ont été abruptement limogés dans le cadre de cette purge sans précédent.

Ces arrestations et les limogeages interviennent au moment où le prince Mohammed, 32 ans, fils du roi Salmane lui-même âgé de 81 ans, ne cesse de consolider son pouvoir au milieu de changements économiques et sociaux inédits dans le royaume ultraconservateur. Nombreuses arrestations

La chaîne satellitaire Al-Arabiya, à capitaux saoudiens, précise que 11 princes, quatre ministres et des dizaines d'anciens ministres ont été arrêtés.

Le procureur général d'Arabie saoudite a confirmé l'ouverture d'un «certain nombre» d'enquêtes. «Les suspects se voient accorder les mêmes droits et le même traitement que n'importe quel autre citoyen saoudien. La position et le statut d'un suspect n'influencent pas l'application ferme et juste» de la loi, a déclaré le procureur Cheikh Saoud Al Mojeb, qui fait lui-même partie de la commission anti-corruption.

Les comptes bancaires des personnalités saoudiennes arrêtées feront l'objet d'enquêtes et seront gelés, a annoncé dimanche le ministère de l'Information. «Tout bien et toute propriété liés à ces cas de corruption seront enregistrés comme propriété de l'Etat», a écrit le ministère sur un compte Twitter officiel, ajoutant que tous les biens «résultant de la corruption seront restitués à l'Etat».

Cette opération a eu lieu juste après la mise en place d'une nouvelle commission anti-corruption présidée par le prince héritier, conformément à un décret royal. Cette commission a lancé une enquête sur les inondations meurtrières ayant dévasté en 2009 la ville de Jeddah (ouest), sur la mer Rouge, à la suite de pluies torrentielles.

Cette vaste purge a eu lieu moins de deux semaines après une intervention choc du prince héritier, surnommé MBS, à un forum économique d'investisseurs le 24 octobre à Ryad.

Ce jour-là, il avait promis une nouvelle Arabie «modérée, ouverte et tolérante», en rupture avec l'image d'un pays longtemps considéré comme l'exportateur du wahhabisme à travers le monde. «Nous n'allons pas passer 30 ans de plus de notre vie à nous accommoder d'idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant», avait-il assuré.

En septembre, les autorités avaient annoncé la levée de l'interdiction faite aux femmes de conduire - une révolution - mais, peu auparavant, elles avaient déjà procédé à des arrestations dans les milieux religieux et intellectuels. Des ONG avaient alors dénoncé «l'autoritarisme» de MBS.