Cela grâce à un cadre réglementaire qui protégeait ses intérêts de la concurrence, a affirmé la Banque mondiale jeudi à Washington. «L'ancien régime tunisien utilisait les réglementations existantes et en édictait de nouvelles pour en faire bénéficier les membres de la famille (Ben Ali) et ceux qui étaient proches du régime», indique un rapport de l'institution.

clan-ben-ali.jpgChassé du pouvoir en janvier 2011 par un soulèvement populaire et aujourd'hui réfugié, Zinedine Ben Ali est accusé par le nouveau régime d'avoir, avec ses proches, détourné entre 15 et 50 milliards de dollars. Une somme amassée tout au long de ses 23 années de règne.

Selon la Banque mondiale, le clan de l'ex-dictateur empochait fin 2010 «plus de 21%» des bénéfices réalisés par le secteur privé via un réseau d'entreprises placé sous son contrôle direct. Celui-ci prospérait grâce à un cadre réglementaire spécialement adapté à ses besoins.

Pendant les dix dernières années du régime, le «code d'incitations aux investissements» a été modifié à 25 reprises afin de restreindre l'accès des investisseurs au marché tunisien et «protéger les intérêts du clan (présidentiel) de la concurrence».

Un écran de fumée sur la part du marché détenu par le clan Ben Ali
Quel que soit le secteur d'activité (bâtiments, téléphonie), la part de marché d'une société détenue par le clan Ben Ali était ainsi en moyenne 6,3% plus importante que celle d'une société concurrente, précise le rapport. Ce document épluche les comptes de 220 entreprises contrôlées alors par le pouvoir.

L'intervention de l’État dans la politique industrielle était «un écran de fumée dissimulant des situations de rente», souligne Bob Rijkers, un des auteurs de ce rapport. Il assure que l'ouverture économique du pays, louée en son temps par la communauté internationale, n'était qu'un «mirage».

Graves défauts: la corruption
La Banque mondiale elle-même, comme le Fonds monétaire international (FMI), ont ainsi souvent érigé la Tunisie et ses taux de croissance flatteurs en «modèle pour les autres pays en développement», admet le rapport. Celui-ci reconnaît que le système souffrait pourtant «de graves défauts», dont la corruption.

Le rapport rappelle que le nouveau régime tunisien a confisqué 550 propriétés immobilières, 48 bateaux et yachts, 367 comptes bancaires et près de 400 entreprises appartenant au clan Ben Ali.