Déjà très longue, de 2 mois et 6 jours, plus exactement, l’absence de Bouteflika à la cérémonie du 4 juillet, si elle vient à se confirmer, sera assurément plus remarquée, tant est que le protocole des Tagarins reste l’un des rendez-vous auxquels le chef de l’Etat était resté fidèle depuis son investiture à la magistrature suprême en 1999.

Il faudrait qu’il soit toujours convalescent pour que Bouteflika, président de la République, ministre de la Défense et chef suprême des armées, déroge à un rituel qu’il a érigé en principe immuable, à plus forte raison quand la cérémonie en question, qu’il a de tout temps présidée, intervient en pleine célébration du Cinquantenaire de l’indépendance nationale. Souvent chargés de signification politique, les déplacements de Bouteflika au siège du ministère de la Défense nationale (MDN), ou à l’Académie interarmes de Cherchell, étaient aussi toujours guettés comme des moments susceptibles d’annonces fortes.

Les observateurs apprécient l’instant de la cérémonie comme un moment privilégié où ils pourraient capter des indices qui les aideraient à mieux cerner l’état de la relation entre la présidence et ANP, pas toujours facile à saisir, il faut le dire. Mais au-delà de cet intérêt que la cérémonie du 4 juillet suscite chez les observateurs, c’est, cette année, la présence ou pas de Bouteflika qui suscite l’interrogation et qui alimente les conjectures et les commentaires. D’autant que, après les séquences télévisuelles où le Président était montré recevant aux Invalides le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le chef d’état-major de l’ANP Ahmed Gaïd Salah, il s’en est trouvé, dans le milieu politique, qui ont suggéré que Bouteflika sera présent en Algérie pour présider la cérémonie de remise de grades aux officiers supérieurs de l’armée.

Une présence qui, pour eux, se voudra une preuve irréfragable qu’il est totalement remis de son accident vasculaire cérébral (AVC) mais surtout que sa convalescence a pris fin. Son absence, a contrario, ne manquera pas évidemment de relancer les questionnements sur la réalité de son état de santé mais aussi et surtout sur sa capacité à poursuivre ses fonctions.

Son absence posera également le problème du lieu où ont été signés les décrets portant nomination d’officiers de l’armée à des fonctions supérieures ; ces décrets, faut-il le rappeler, relevant de sa compétence exclusive. En effet, Bouteflika se trouverait toujours aux Invalides, tant qu’aucune institution officielle n’a attesté de sa sortie. C’est dire tout l’intérêt politique que revêt la cérémonie du 4 juillet.

La présence, tout comme l’absence, de Bouteflika aura des implications déterminantes sur la vie politique nationale.