Les premières images du président, hospitalisé depuis plus de 45 jours à Paris, montrent un homme considérablement diminué par la maladie. Des partis politiques réitèrent leur appel à l’application de l’article 88 de la Constitution et à déclarer l’incapacité de Bouteflika à gouverner. Le flou demeure sur le sens du déplacement du Premier ministre et du chef d’état-major de l’ANP aux Invalides et sur les «instructions» données par le Président.

Des images muettes, que le communiqué officiel a enrichi avec quelques précisions sur la teneur des discussions qui ont duré quelque deux heures et qui ont tourné autour de la situation politique du pays et des instructions données par le chef de l’État, en priorité, la finalisation de la loi de finances complémentaire, le programme spécial Ramadhan et la nécessité de finaliser tous les projets de loi en vue de les présenter au prochain Conseil des ministres.

Des images, certes muettes, mais qui constituent des réponses suffisantes à toutes les rumeurs ayant circulé au sujet de l’état de santé du président Bouteflika. Qu’est-ce qui a changé pour que, subitement, l’entourage du Président décide de communiquer à outrance, de publier son bilan de santé et d’accepter qu’on le filme ? Ce n’est pas seulement les rumeurs qui le donnaient paralysé, voire mort, qui ont fait sortir l’entourage du Président de son mutisme, mais certainement les appels, de plus en plus récurrents, émanant d’Alger, et qui demandent l’application de l’article 88 de la Constitution. Même le ministère de la Défense est sorti de sa réserve pour rappeler ses missions constitutionnelles, en réponse à l’appel lancé par l’un des rares survivants du groupe des 22, Ali Mechati, en vue de destituer le président de la République.

Quand rentrera-t-il au pays ? Le calendrier politique sera-t-il respecté ? Mystère.

La question de sa capacité à finir son mandat reste entièrement posée. Pris de court par la rechute subite du chef de l’Etat, que l’on savait déjà malade, Il est de toute évidence sûr que les décideurs sont engagés dans une course contre le temps et travaillent à éviter un scénario précipité. Préparer une succession maîtrisée. Depuis l’hospitalisation du Président, l’opposition politique multiplie les appels à l’organisation d’une élection présidentielle ouverte, qui serait l’amorce d’un processus de transition démocratique.