IMGHA peine la séance ouverte, la sœur du Rebelle assassiné, et à l’annonce, par le président du tribunal, des noms des accusés, Malika Matoub se met debout et crie à la face du magistrat, «amenez Nordine» (Nordine Aït Hamouda, Ndlr), avant qu’elle ne sera suivie par sa mère, Na Aldjia, la vingtaine d’adhérents de la Fondation Matoub Lounès, venus la soutenir et de Bélaïd Abrika. Pour ne pas envenimer les choses, les magistrats se sont retirés pour revenir, presque deux heures après. «C’est une honte pour la justice algérienne, vous voulez juger deux personnes amenées de je ne sais d’où, alors que les commanditaires et les auteurs ne sont pas présents aujourd’hui», lance la sœur du chanteur assassiné. Et au président de lui répondre : «Les accusés ont droit à un procès, c’est un droit constitutionnel.» Et d’ajouter : «Leur comparution, aujourd’hui, n’est qu’une étape de l’affaire de l’assassinat de Matoub.» Devant la énième perturbation de la séance, le président du tribunal sort de sa réserve et menace, à maintes fois, de recourir au huis clos et d’appliquer la loi dans toute sa rigueur. Pour l’avocat de Malik Medjnoun, Me Aït Habib, «on veut un procès équitable. Le président nous a assuré que le procès va se tenir. C’est le procès de Chenoui et Medjnoun et non celui de Matoub Lounès», nous dit-il en aparté. Allant dans le même sens, Me Salah Hannoun, avocat de Nadia, la veuve du Rebelle et de ses sœurs, Farida Brahmi et Ouarda Brahmi, présentes dans la voiture de Matoub Lounès au moment de l’attentat dira : «C’est un procès politique, il faut que les accusés soient jugés pour passer à autre chose. Nous aussi, on veut savoir la vérité», nous dit-il en aparté. De son côté, la défense de la partie civile déplore «la non-exécution de la décision du 9 juillet 2008. L’on se rappelle que le procès allait s’ouvrir ce jour-là avant que la famille Matoub ne demande un complément d’enquête et présente une liste de 52 noms, qu’elle juge être des témoins de l’affaire ». Le président du tribunal, pour le procès de Chenoui et Medjnoun, a fait appel à 25 témoins. «S’il n’y a pas la présence de Hattab et des commanditaires, il n’y aura pas de procès», ou encore, «Libérez Chenoui et Medjnoun», ne cessait de lancer la sœur de Lounès. Il faut préciser que la fetwa, émise par Abou Mossaâb Dichou, un émir du GSPC, condamnant à mort Matoub pour «les propos qu’il tenait», ont laissé tous ceux qui ont intervenu à chaud, après le lâche assassinat, d’accuser Hassen Hattab. Devant la énième menace du président de la cour, allant jusqu’à dire qu’il n’accepte aucune pression venant de n’importe quelle partie, le procès a repris. Pour Chenoui qui a reconnu son appartenance aux groupes armés et ses activités terroristes, huit ans durant, dans la région de Tizi-Ouzou, nie avoir participé, d’une façon ou d’une autre à l’assassinat. Par contre, pour le deuxième prévenu, Medjnoun, il nie même avoir appartenu, à un groupe terroriste. Quant à l’assassinat de Matoub, «je suis originaire de Béni-Douala, comment voulez-vous que je tue un enfant de ma région». Jusqu’à l’heure actuelle, les témoins sont appelés à la barre et à ce rythme, le procès des prévenus qui ont déjà passé 12 ans en prison risque de durer.