24 militaires tués en 48 heuresTandis que les autorités politiques gardent le silence, dans une attitude injustifiable de déni de la réalité, la population est sonnée devant la résurgence des actions terroristes, avec un sentiment d’impuissance devant cet insoutenable face-à-face entre les soldats de l’ANP et les hordes islamistes. Le président de la République n’avait pas encore entamé son discours vendredi soir lorsque les terroristes avaient déjà démenti les premières lignes de l’allocution où il était affirmé que «les objectifs de réconciliation et de concorde étaient atteints, les craintes dissipées et les esprits apaisés».

Lorsque les accrochages durent pendant des heures, occasionnant de graves pertes dans les rangs des services de sécurité, le commun des citoyens comprend que le retour à la paix décrété officiellement est totalement factice et que le pays demeure sous la menace et le diktat des groupes se revendiquant d’Al Qaîda. Au lendemain de ces attaques sanglantes, l’on ne peut plus reparler des «capacités de nuisance» des groupes terroristes, mais d’un maquis islamiste surarmé capable de planifier et d’exécuter des actes de guerre.

Le mode opératoire utilisé notamment à Azazga, vendredi soir, où le cantonnement de l’ANP a été littéralement encerclé avant d’être pris sous le feu des armes automatiques, indique que ce que l’on nommait les résidus terroristes sont en fait des réseaux opérationnels pouvant s’agréger en une nuit pour lancer des attaques implacables. Dix-sept militaires tués, selon les indications recoupées par la presse, et autant de blessés, tel est le bilan de cette descente lancée par les hordes du GSPC, une heure avant le début du discours du Président qui se félicitait d’avoir éteint le feu de la «fitna».

C’est clair, le feu n’est pas éteint et la guerre n’est pas encore gagnée. Tous les observateurs de la scène sécuritaire estiment que les périodes d’accalmie observées cycliquement ne sont nullement l’effet de la politique de la main tendue aux terroristes menée depuis plus d’une décennie, mais le résultat des opérations vigoureuses menées par les services de sécurité dans les fiefs des groupes armés. Le dernier ratissage opéré dans le maquis de Sidi Ali Bounab en décembre 2010, durant trois semaines, avec la mobilisation d’importants moyens militaires, a été véritablement suivi dans la région de plusieurs mois d’«inaction» islamiste, faisant croire à un retour durable à la sécurité. La destruction des «nids» terroristes demeure le seul moyen de neutraliser leur action, les démarches de réconciliation ayant toujours été considérées dans le maquis comme des moments de répit et de réorganisation.

Cependant, les actions militaires ponctuelles ont montré leurs limites face à une nébuleuse terroriste capable de régénérer, prospérant dans un climat social délétère, donc favorable. Le démantèlement des groupes de patriotes et des GLD, en parallèle avec la mise en place des dispositifs de «pardon» et de concorde, a été un coup dur, sinon fatal, à la lutte antiterroriste, puisque cela a permis aux groupes armés de renouer avec une véritable liberté de mouvement, de réorganiser leurs réseaux d’approvisionnement et de renseignements.

La multiplication ces trois dernières années des barrages fixes le long des axes routiers de la région n’a pas été décisive dans la réduction de l’activité des groupes armés, vu que le reste du territoire, en dehors des agglomérations, reste vierge de tout dispositif antiterroriste. Au milieu des années 1990, au temps du mouvement de résistance citoyenne contre l’intégrisme armé, aucun groupe islamiste ne pouvait se mouvoir en «sécurité» dans les collines de la région. A présent, les troupes de Droukdel se permettent le luxe d’une action psychologique en direction des citoyens, au cours des actions terroristes. Une incroyable imposture doublée à leur action criminelle, parce que la vraie cible des islamistes armés, ce n’est pas le régime, mais la société toute entière.