Dans un discours télévisé de 20 minutes adressé à la nation, le président Bouteflika a annoncé notamment la création d'une commission constitutionnelle, à laquelle participeront les courants politiques agissants et des experts en droit constitutionnel. "Elle (la commission) me fera des propositions dont je m'assurerai de la conformité avec les valeurs fondamentales de notre société, avant de les soumettre à l'approbation du parlement ou à vos suffrages par la voie référendaire", a-t-il expliqué.

Bouteflika annonce une prochaine révision de la Constitution
Le président Bouteflika a souligné que pour couronner l'édifice institutionnel visant à renforcer la démocratie, il importe d'introduire les "amendements nécessaires" à la Constitution de 1996. "J'ai exprimé, à maintes reprises, ma volonté de faire réviser la Constitution et j'ai réaffirmé cette conviction et cette volonté à plusieurs occasions", a rappelé le chef de l'Etat algérien. Il a exprimé son intention de demander au parlement de réviser l'ensemble de l'arsenal législatif.

Il sera également procédé à une profonde révision de la loi électorale, en vue de permettre aux Algérien d'"exercer leur droit électoral dans les meilleures conditions", a ajouté le président Bouteflika. Tous les partis politiques, qu'ils soient représentés ou non au parlement, seront mis à contribution et consultés en vue d'élaborer le nouveau système électoral, a-t-il poursuivi. Il a également annoncé la révision prochaine de la loi relative aux partis politiques. Cette démarche concernera la révision du rôle des partis politiques, leur mission et leur organisation, afin qu'ils "contribuent plus efficacement au processus de renouveau", a-t-il expliqué.

La nouvelle loi sur l'information complétera la législation actuelle, notamment à travers la dépénalisation du délit de presse, a annoncé le président Bouteflika. Il a appelé les médias lourds, à savoir la Télévision et la Radio, "à s'ouvrir aux différents courants de pensée politique, dans le respect des règles d'éthique qui régissent tout débat". La classe politique algérienne, toutes tendances confondues, a été unanime à revendiquer une révision de la Constitution actuelle, a indiqué vendredi dans une dépêche l'agence de presse officielle APS.

Les trois partis politiques de l'Alliance présidentielle au pouvoir, à savoir Rassemblement national démocratique (RND), parti du Front de libération nationale (FLN) et Mouvement de la société pour la paix (MSP), ont exprimé, à plusieurs reprises, leur souhait d'une révision "profonde" de la Constitution, avec, toutefois, des différences dans le contenu de cette révision, notamment la nature du système politique à consacrer. Si pour le RND et le FLN, les amendements doivent aller dans le sens de consolider le système présidentiel, le MSP, par contre, est favorable au système parlementaire.

Le mouvement Ennahda, le Front national algérien (FNA) et l'Alliance nationale pour la changement (ANC) qui regroupe le mouvement El Islah et des personnalités comme l'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour, privilégient, de leur côté, le système parlementaire, avec une séparation des pouvoirs et l'élargissement des libertés politiques, syndicales et médiatiques.

D'autres partis de l'opposition sont, plutôt, favorables à une Constituante appelée à élaborer une nouvelle Constitution pour le pays. C'est le cas du Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Ait Ahmed qui a fait de cette revendication une constante dans son programme politique, depuis 1963, et le Parti des Travailleurs (PT) qui est "pour un régime démocratique basé sur la volonté populaire ", à travers une Assemblée constituante "souveraine".

Le 30 mars dernier à Alger, le secrétaire général du RND et Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a confirmé que le président Bouteflika avait tenu dernièrement des réunions avec de hauts responsables de l'Etat. Selon les observateurs politiques, ces rencontres ne pouvaient porter que sur le processus de réformes politiques que l'Algérie entend mener dans un contexte particulier marqué par une effervescence sociale, qui appelle des changements significatifs dans le système de fonctionnement de l'Etat et de ses institutions.

Ces dernières semaines, les principales personnalités politiques algériennes ont multiplié les déclarations sur la nécessité de lancer des réformes politiques dans ce pays nord- africain, dans le contexte d'une vague de contestation sociale en Algérie et des bouleversements politiques dans le monde arabe.