« C'est complètement rejeté par le Conseil », a déclaré un porte-parole du CNT, Chamseddine Abdulmelah, interrogé sur la situation. « Kadhafi et ses fils doivent partir avant toute négociation diplomatique ».

Citant un diplomate sous le couvert de l'anonymat et un responsable libyen, le New York Times a révélé dimanche que Seif al-Islam Kadhafi et son frère Saadi proposent de prendre les rênes du pays de 6,5 millions d'habitants. Selon le Times, cette proposition pourrait illustrer des différends de longue date entre les fils de Kadhafi. Deux autres enfants du colonel Kadhafi, Khamis et Mutuassim, sont plutôt considérés comme des partisans de la ligne dure, indique le quotidien.

Khamis Kadhafi dirige une unité militaire considérée comme redoutable, la 32e Brigade. Celle-ci aurait été aux premières lignes de l'assaut contre les rebelles de la ville de Zaouia, à l'ouest de Tripoli. Mutuassim est conseiller de la sécurité nationale.

Le quotidien américain fait aussi état de dissensions au sein de la direction du CNT. Il rapporte qu'une réunion entre les principaux dirigeants militaires de ce gouvernement de transition provisoire, la semaine dernière, a tourné au vinaigre.

L'ex-ministre de l'Intérieur Abdul Fattah Younes, qui dirige les combattants rebelles, l'ex-général Khalifa Heftar, de retour des États-Unis dans l'espoir de diriger la rébellion, et l'homme considéré comme le ministre de la Défense du CNT, Omar El-Hariri, n'ont pu s'entendre. Lors de cette réunion, tenue pour cerner les causes des récents revers de la rébellion, M. Heftar s'en serait pris aux dirigeants de la rébellion pour avoir choisi M. Younes comme chef militaire. Au terme de la réunion, M. Younes est cependant resté en place, et M. Heftar a refusé de lui prêter main-forte.

Situation stable sur le terrain
Sur le terrain, la situation semble bloquée. Après s'être approchés à quelques dizaines de kilomètres de Syrte, lundi dernier, les rebelles ont été repoussés jusqu'à Ajdabiya, mercredi. Depuis, ils tentent en vain de reprendre Brega.

Carte Libye
À Misrata, à environ 200 km à l'est de Tripoli, les combats se poursuivent aussi, selon un porte-parole rebelle joint par Reuters. La troisième ville du pays est sous contrôle des insurgés, mais est assiégée par les forces loyalistes depuis plus d'un mois. « Le pilonnage a débuté aux petites heures de la matinée et se poursuit à l'aide d'obus de mortier et de pièces d'artillerie », affirme ce porte-parole, prénommé Gemal. « C'est du terrorisme à l'état pur. Les bombardements visent les quartiers résidentiels. Nous savons qu'il y a des victimes, sans savoir leur nombre ». Les événements qui sont rapportés par des témoins à Misrata ne peuvent être corroborés de source indépendante, la presse étrangère étant tenue à l'écart de la ville.

Dimanche, un ferry turc transformé en hôpital a évacué 460 blessés et réfugiés libyens après avoir accosté au port de Misrata. Un navire affrété par Médecins sans frontières a transporté 71 blessés vers Sfax, en Tunisie. Certains d'entre eux ont subi des blessures par balles; d'autres ont des membres fracturés ou des visages défigurés par des brûlures.

Kadhafi cherche des médiateurs et les rebelles, des appuis
Le colonel Kadafi, au pouvoir depuis 1969, tente pour sa part des efforts diplomatiques pour trouver une solution au conflit. Le vice-ministre des Affaires étrangères libyen, Abdelati Obeïdi, s'est rendu en Turquie lundi pour un entretien avec le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu. M. Obeïdi, qui s'est entretenu a veille avec le ministre grec des Affaires étrangères, Dimitris Droutsas, se rendra à Malte après son arrêt en Turquie.

Le CNT poursuit pour sa part ses efforts pour accroître sa reconnaissance internationale. Le responsable de sa politique extérieure du CNT, Ali Al Isawi, ex-ambassadeur de Libye en Inde, a été reçu lundi à Rome par le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini. Ce dernier a déclaré au terme de la rencontre que l'Italie reconnaît le CNT comme le « seul interlocuteur légitime ». Les propositions de sortie de crise du régime de Kadhafi « ne sont pas crédibles », a ajouté M. Frattini.

M. Frattini a aussi fait savoir que le patron de la compagnie pétrolière ENI, Paolo Scaroni, s'est rendu à Benghazi samedi pour discuter d'une coopération entre sa compagnie et les insurgés sur le plan énergétique.

Selon des médias italiens, le régime du colonel Kadhafi souhaiterait que la Grèce et Malte participent à une médiation en vue d'un cessez-le-feu en tant que membres de l'Union européenne, et qu'Ankara s'y joigne à titre de membre de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN).