Plus tôt dans la journée, des manifestants ont incendié un local du parti Baas au pouvoir ainsi qu'un commissariat, rapporte Ammar Kourabi, qui dirige l'Organisation nationale des droits de l'Homme. Ces évènements se sont déroulés à Tafas, un village à quelques kilomètres de Deera, où des milliers de personnes s'étaient rassemblées pour les funérailles de trois manifestants tués vendredi par les forces de sécurité.

Nouveaux heurts à Deera
Manifestations en SyrieÀ Deera même, des centaines de contestataires se sont retrouvés sur la place centrale de la ville, qui est considérée comme l'épicentre de la contestation dans le sud du pays. En fin d'après-midi, samedi, les forces de l'ordre ont dispersé les manifestants en tirant des grenades lacrymogènes, a indiqué un témoin cité par Reuters.

Auparavant, trois jeunes hommes s'étaient hissés sur les restes d'une statue de l'ex-président Hafez al Assad - père de l'actuel président Bachar. Ils brandissaient des pancartes portant le slogan : « Le peuple veut la chute du régime ».

Au lendemain des manifestations sanglantes qui se sont déroulées dans les principales villes de Syrie, un appel à la « révolte populaire » avait été lancé samedi matin sur Facebook. « Aujourd'hui, samedi, une révolte populaire dans tous les gouvernorats syriens », clame ce texte publié sur la page intitulée « La révolution syrienne 2011 », qui compte plus de 86 000 partisans.

Selon des militants des droits de la personne, les manifestations d'hier auraient fait au moins 25 morts dans le pays. Des responsables hospitaliers affriment, de leur côté, que des dizaines de personnes ont été tuées cette semaine près de Deraa. D'après plusieurs témoins, une vingtaine de protestataires auraient trouvé la mort dans la seule journée d'hier.

Le régime syrien parle de 13 morts
Sous couvert d'anonymat, un responsable du régime fait état, lui, de 13 morts seulement, dont deux pompiers et un employé tués par des protestataires. Il précise que dix manifestants ont été tués à Salamein, dans le sud de la Syrie, lors d'un accrochage avec l'armée. A Homs, à 160 km au nord de Damas, le gardien d'un club militaire est tombé sous les balles tirées par des adversaires du régime. A Maadamein, à 10 km de Damas, les contestataires auraient aussi ouvert le feu sur des pompiers, tuant deux d'entre eux.

Selon des militants syriens, environ 200 manifestants ont été arrêtés dans la nuit de vendredi à samedi près de Damas. Avec 4 000 autres protestataires, ils participaient à un sit-in à Douma, une ville proche de la capitale syrienne. Vers minuit, l'électricité a été coupée et les forces de l'ordre sont intervenues pour procéder aux arrestations.

70 prisonniers politiques libérés
La Ligue syrienne des droits de la personne, basée à Londres, annonce que 70 prisonniers politiques, parmi lesquels se trouveraient des islamistes, ont été relâchés aujourd'hui par les autorités syriennes. D'autres agences parlent plutôt de 260 libérations.

La plupart de ces détenus étaient incarcérés à Saïdnaya, dans la banlieue de Damas, où les prisonniers politiques sont en général écroués, a ajouté Abdul-Karim Rihaoui, un dirigeant de la Ligue, sans donner plus de détails.

Cette semaine, le régime syrien a relâché de nombreux prisonniers afin d'apaiser les contestataires et de contenir la colère engendrée par la répression violente des manifestations.