55 personnes tuées à DeraaSelon un témoin interrogé par Al-Jazira, 20 personnes auraient été tuées vendredi dans la ville de Essanaïm, près de Deraa, épicentre de la contestation, au sud de Damas. Un responsable local, cité par l'AFP, a affirmé, sous couvert de l'anonymat, que dix personnes ont été tuées dans cette localité lors d'affrontements entre manifestants et policiers.

Par ailleurs, Maamoun Al-Homsi, figure de l'opposition syrienne, a demandé vendredi à la communauté internationale à intervenir pour arrêter « les massacres de civils par le régime du président Bachar al Assad ». « Il y a des morts et des blessés et des personnes arrêtées dans toutes les provinces », a-t-il déclaré.

La protestation se propage dans le pays
Au lendemain des promesses du régime, plusieurs villes syriennes, dont Damas, Hama et Deraa, ont été le théâtre de manifestations, vendredi, dans le cadre d'une « Journée de la dignité ». Des milliers de personnes marchaient dans les rues du pays pour appuyer les résidents de Deraa et réclamer des réformes politiques.

Selon plusieurs témoins, la manifestation la plus importante se déroule à Deraa, une ville de 75 000 habitants où des manifestations en faveur de réformes politiques sont réprimées dans la violence depuis une semaine.

Selon ces témoins, des milliers de personnes - jusqu'à 50 000 selon l'un d'eux - étaient rassemblées place Assad et scandaient des slogans comme « Liberté, liberté » et « Avec notre sang et notre âme, nous nous sacrifierons pour le martyr » étaient entendus.

Un témoin de Reuters a aussi affirmé avoir entendu des slogans hostiles à Maher Al-Assad, frère du président Bachar Al-Assad et chef de la Garde républicaine.

Des témoins rapportent que les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants rassemblés place Assad.

Selon un témoin d'Associated Press, les tirs, qui auraient fait plusieurs blessés, se seraient produits après que des protestataires eurent tenté de mettre le feu à une statue de Hafez Al-Assad, défunt père de l'actuel président, Bachar Al-Assad.

Les journalistes étrangers ne sont pas en mesure de vérifier ces informations. Ils ont été escortés à l'extérieur de la ville par les forces de sécurité en début de journée.

Des manifestations en faveur de réformes politiques ont aussi été rapportées dans la capitale Damas. Selon AFP, 300 personnes ont entrepris de marcher vers le souk Hamdiyeh au sortir de la mosquée des Omeyyades, en scandant « Deraa, c'est la Syrie » ou « Nous nous sacrifierons pour Deraa ».

Ils ont croisé des partisans du régime qui scandaient des slogans en faveur du président Al-Assad, qui dirige les destinées du pays d'une main de fer depuis la mort de son père, Hafez. Toujours selon AFP, au moins cinq personnes ont été emmenées dans des fourgonnettes par des policiers en civil.

Des centaines de personnes se sont aussi rassemblées vendredi à Hama, ville de l'ouest de la Syrie tristement célèbre pour la répression d'un soulèvement islamiste qui a fait des milliers de morts en 1982.

Des manifestations ont aussi été rapportées à Daael, à 30 km au nord de Deraa, à Banias, à 250 km au nord-ouest de Damas. Un militant des droits de la personne citée par Reuters dit avoir appris de témoins que des rassemblements ont aussi lieu à Lattaquié, à Raqqa et à Zabadani.