La France a annoncé des frappes aériennes contre l'armée du colonel Kadhafi, dans la foulée de l'éventuel feu vert de l'ONU.

Les 15 pays membres du Conseil devaient se prononcer à 22H00 GMT sur le projet qui prévoit des mesures militaires pour protéger les civils, mais exclut une occupation du territoire libyen.

Le Premier ministre français François Fillon a souligné jeudi soir que Paris souhaitait une action militaire dans les prochaines heures en cas d'approbation du projet de résolution. La Chine et la Russie, traditionnellement hostiles aux «ingérences» dans les affaires intérieures des Etats membres, pourraient toutefois recourir à leur veto contre le texte.

Menaces de Tripoli
La France a annoncé des raids aériens sur la LibyeA New York, où il est venu pour tenter de convaincre ses homologues d'appuyer le projet, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a évoqué «l'utilisation de la force aérienne» pour faire appliquer la résolution.

Mais à Tripoli, un porte-parole du ministère de la Défense a indiqué que toute opération militaire étrangère allait «exposer tout le trafic aérien et maritime en Méditerranée au danger». «Tout élément mobile civil ou militaire sera la cible d'une contre-offensive libyenne», a-t-il prévenu.

Mouammar Kadhafi a en personne annoncé une offensive «dès ce soir» contre Benghazi, fief des insurgés dans l'est du pays. «La décision a été prise. Préparez-vous, nous arrivons dès ce soir», a-t-il déclaré dans un message sonore adressé aux habitants de Benghazi et retransmis par la télévision libyenne. «Il faut en finir avec cette mascarade».

Protéger les civils
Le projet de résolution «autorise les Etats membres (...) à prendre toutes les mesures nécessaires (...) pour protéger les civils et les zones peuplées de civils sous la menace d'attaques» par les forces du colonel Kadhafi, y compris à Benghazi. Le projet «décide d'établir une interdiction de tous les vols dans l'espace aérien» de la Libye. «Nous avons d'excellentes raisons de penser qu'il y aura une participation des pays arabes» aux opérations contre l'armée de Mouammar Kadhafi, a prédit M. Juppé. «C'est une opération en coalition, nous sommes avec d'autres, nous ne sommes pas seuls. Ce n'est pas une opération française, c'est une opération internationale», a-t-il souligné devant la presse.

Il y aura une participation américaine aux opérations militaires, a encore indiqué le ministre. «C'est un moment pour la crédibilité des Nations unies, le signal surtout donné au peuple arabe dont nous saluons tous l'aspiration à la liberté et à la démocratie». «Si nous laissions un dictateur rétablir son régime d'opression en utilisant la violence et en déclenchant un bain de sang, comment pourrions-nous ensuite dire allez-y, engagez-vous dans un processus de démocratie pour reconquérir votre liberté ? Quelle serait notre crédibilité?», s'est-il interrogé.

Neuf voix suffisent
Le Conseil de sécurité compte 15 membres dont cinq permanents (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine) ayant un droit de veto. Il faut une majorité de neuf voix pour l'adoption d'une résolution.

La Russie veut avoir des éclaircissements concernant le projet, a répété le porte-parole de la diplomatie russe. «Quels seront les mécanismes de contrôle concernant cette décision, qui va la mettre en oeuvre, sous quelles formes ? Toutes ces choses ne sont pas claires», a déclaré Alexandre Loukachevitch.

Outre la Chine et la Russie, l'Allemagne, l'Inde et l'Afrique du Sud, membres non permanents, ont aussi exprimé des réserves.

Le chef de l'armée de l'Air américaine, le général Norton Schwartz, a indiqué à des élus américains qu'imposer une zone d'exclusion aérienne «ne serait pas suffisant» pour arrêter l'offensive des forces de M. Kadhafi.