"Sur la base de cette reconnaissance, nous allons ouvrir une représentation diplomatique, donc notre ambassade à Paris, et un ambassadeur de France sera envoyé à Benghazi", a déclaré un de ces émissaires, Ali Essaoui, "il sera installé de façon transitoire à Benghazi, avant de retourner à Tripoli". Peu après, Bernard-Henri Lévy, présent lors de cet entretien, a précisé que le nouvel ambassadeur de Libye en France sera accrédité "dans les jours qui viennent". "L'ambassade de France en Libye serait transférée de Tripoli à Benghazi", a-t-il ajouté.
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"On est les premiers à dire que Kadhafi n'est plus le représentant légal. C'est un événement d'une importance majeure", a poursuivi le philosophe, selon qui le chef de l'Etat "a affirmé cela, en préambule de l'entretien, avec beaucoup de force. Les émissaires ont été surpris de la clarté de la position française".

LE "DANGER MIGRATOIRE" SUSCITÉ PAR L'INSURRECTION LIBYENNE

Ces déclarations ont été confirmées dans la foulée par l'entourage de Nicolas Sarkozy, qui a raccompagné ses trois invités sur le perron de la présidence et leur a longuement serré la main pour les photographes et les télévisions. "C'est une action politique importante", a-t-on insisté. A l'issue de leur entrevue avec le chef de l'Etat français, les représentants de l'opposition libyenne ont aussi indiqué que leur hôte allait proposer vendredi, à Bruxelles, aux chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne un "plan global" sur la crise libyenne.

Tout en confirmant son existence, la présidence n'a pas livré les détails de ce plan, mais en avait déjà esquissé quelques grandes lignes mercredi, avant le rendez-vous de Nicolas Sarkozy avec les opposants libyens. Selon l'entourage du président, la France souhaite renforcer l'action humanitaire déjà engagée avec l'ONU en Libye dans la zone contrôlée par les rebelles, et que l'UE examine la question d'un embargo sur le pétrole libyen. Paris veut aussi aborder avec ses partenaires européens la question du "danger migratoire" suscité par l'insurrection libyenne.

Hors du cadre européen, Paris et Londres travaillent aussi à l'ONU à un projet de résolution du Conseil de sécurité, qui permettrait d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye. En choisissant clairement le camp des rebelles à la veille du sommet de Bruxelles, Nicolas Sarkozy, qui a réclamé plusieurs fois le départ du colonel Kadhafi, souhaite entraîner le reste des pays européens, jusque-là prudents et divisés sur leur attitude face à la crise libyenne.