Selon des témoins, les forces loyales au colonel Kadhafi ont lancé à l'aube une offensive à l'artillerie lourde et à la mitrailleuse contre des positions rebelles en périphérie de Zaouia. Des explosions et coups de feu pouvaient être entendus tandis que les témoins parlaient au téléphone avec un journaliste de l'Associated Press.

Une première offensive, qui a duré plusieurs heures, aurait fait au moins 18 morts et 120 blessés, selon un témoin à l'hôpital local. Les insurgés ont été forcés de se replier à l'intérieur de la ville, mais demeuraient déterminés à poursuivre la lutte. « Nous les combattrons dans les rues et nous n'abandonnerons jamais tant que Kadhafi restera au pouvoir », a déclaré un opposant.

Soldat rebel a Ras Lanouf
Les forces de Kadhafi ont mené une nouvelle attaque quelques heures plus tard, appuyées par des chars d'assaut. « Les chars sont partout dans la ville et tirent sur les habitations. J'en ai vu passer sept devant chez moi. Les tirs d'obus n'arrêtent pas », a indiqué à l'AFP un habitant de la ville.

Plusieurs témoins, notamment des médecins, ont affirmé à diverses agences de presse que les forces fidèles à Kadhafi avait carrément perpétré un « massacre » dans la ville.

Depuis samedi, au moins 60 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans les combats.

Zaouia, contrôlée par les rebelles depuis le 27 février, est maintenant encerclée par les militaires. Située à 60 km à l'ouest de la capitale, Tripoli, la ville est cruciale pour la défense du régime. Vendredi soir, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaiim, affirmait que la population s'était soulevée contre « les terroristes », avec le soutien de l'armée, et que la situation était « revenue à la normale ».

Carte de la Libye
Prochaine cible : Syrte
Sur le front est, la capture du port pétrolier de Ras Lanouf par les rebelles a été confirmée samedi.

Selon un journaliste de l'Associated Press, le drapeau de la monarchie, qui date de l'ère pré-Kadhafi, flottait samedi matin sur les installations pétrolières de la ville, qui est située à 140 km à l'est de Syrte, lieu de naissance de Kadhafi.

« Nous avons remporté la bataille quand les habitants nous ont rejoints », a déclaré un des insurgés qui a participé aux combats, Ahmed el-Zaouia. Les affrontements auraient fait 12 morts dans les rangs des rebelles, selon ce dernier, mais les bilans sont contradictoires. Des responsables de l'hôpital de la ville voisine d'Ajdabiya ont plutôt fait état de 5 morts et 31 blessés.

Les rebelles ont arrivés dans l'après-midi de samedi à Ben Jawad, une petite bourgade située entre Ras Lanouf et Syrte, lieu de naissance du colonel Kadhafi et prochaine cible des insurgés.

L'exode se poursuit
Plus de 191 000 personnes, principalement des travailleurs étrangers, ont fui les violences en Libye, selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), qui cite les données de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Jeudi, quelque 104 000 d'entre eux s'étaient réfugiés en Tunisie et 85 000 avaient atteint l'Égypte. Samedi, environ 3500 travailleurs bangladais avaient pu regagner leur pays, mais des dizaines de milliers d'autres étaient toujours coincés en Libye, sans espoir d'une sortie imminente.

La Libye comptait quelque 2,5 millions de travailleurs étrangers avant le début de la révolte, selon l'OIM.

La transition politique s'organise
Sur le plan politique, le Conseil national, mis en place par l'opposition libyenne pour organiser la transition du pouvoir, a tenu sa première réunion formelle samedi, à Benghazi, dans un lieu tenu secret.

L'ex-ministre de la Justice, Moustapha Abdeldjeïl, a été nommé président de ce conseil créé mardi et composé de 30 membres. M. Abdeldjeïl a été l'une des premières personnalités importantes du régime Kadhafi à joindre les rangs de l'opposition dans les premiers jours de la révolte.

Un comité de crise formé de trois membres a été nommé par le Conseil. Omar Hariri, un officier qui avait participé au coup d'État du colonel Kadhafi en 1969 avant d'être emprisonné, a été nommé chef des Affaires militaires. Ali Essaoui, l'ancien ambassadeur en Inde qui a démissionné le mois dernier, a été chargé des Affaires étrangères. Mahmoud Djebril, un intellectuel, a quant à lui été nommé chef du comité.

À l'issue de la réunion, le Conseil national s'est déclaré « le seul représentant de la Libye » par la voix de son président.