L'opposition a réclamé la démission du gouvernement, tandis que le chef du mouvement chiite Al-Wefaq, de cheikh Ali Salmane s'est retiré du Parlement.

L'intervention des forces de l'ordre dans la nuit de mercredi à jeudi dans le centre de la capitale, Manama, s'est soldée par trois morts et 195 blessés, selon le ministère de la Santé. L'opposition faisait état de quatre morts. Une quarantaine de blindés ont été déployés dans l'évacuation de la place de la Perle.

Des centaines de manifestants avaient entrepris de camper sur cette place, espérant la transformer en point de ralliement de la contestation à l'instar de ce que les Egyptiens ont fait sur la place Tahrir du Caire.

L'armée a été déployée jeudi dans la ville et a annoncé son intention de prendre toutes les mesures nécessaires pour un retour à l'ordre dans le pays. Des milliers de Bahreïnis, essentiellement issus de la majorité chiite, manifestent depuis lundi pour exiger des réformes dans le royaume dirigé par une famille sunnite.

Démission demandée
Leur principale revendication est la démission du premier ministre, le cheikh Khalifa ben Salman al Khalifa, qui gouverne le pays depuis son indépendance en 1971. Oncle du roi Hamad ibn Issa al Khalifa, il est perçu comme le symbole de la richesse de la famille régnante.

«Les groupes politiques d'opposition, dont Al-Wefaq, ont publié un communiqué dans lequel ils demandent la démission du gouvernement et la formation d'un nouveau cabinet qui enquêterait sur ce crime», a affirmé cheikh Ali Salmane.

Selon le leader chiite, les groupes signataires du communiqué veulent qu'un «nouveau gouvernement propose des réformes politiques, (...) et initie une monarchie constitutionnelle». Il a par ailleurs confirmé le retrait du bloc de son groupe du Parlement où il contrôle 18 des 40 sièges de l'Assemblée basse.

Appel à l'audace
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a indiqué jeudi que la situation dans les pays du Moyen-Orient touchés par une vague de manifestations exigeait «des réformes audacieuses, pas la répression».

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a quant à elle appelé «à la retenue» dans un téléphone à son homologue de Bahreïn. Le royaume est un proche allié des Etats-Unis, qui ont fait de Manama le port d'attache de la 5em Flotte de l'US Navy.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a de son côté révisé jeudi ses conseils aux voyageurs. Il déconseille de se rendre à Bahreïn pour des voyages touristiques ou autres qui ne présentent pas un caractère d'urgence.


Quatre morts au Yémen
Plus au sud de la péninsule arabique, de violents heurts ont éclaté jeudi au Yémen entre opposants et partisans du pouvoir. L'armée s'est déployée en force à Aden, principale ville du Sud. Quatre manifestants ont été tués et une vingtaine d'autres blessés dans la dispersion des rassemblements par la police, ont indiqué des sources hospitalières.

Dans la capitale Sanaa des affrontements du même type ont fait au moins 25 blessés , au 5e jour de la contestation estudiantine contre le président Ali Abdallah Saleh. Les protestataires réclament le départ de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans dans ce pays pauvre et instable de 23 millions d'habitants, allié clé de Washington dans sa lutte contre Al-Qaïda.

Environ 2000 manifestants ont été attaqués dès leur sortie du campus de l'Université par quelque 800 partisans du parti présidentiel armés de gourdins et de pierres. «Le peuple réclame la chute du régime», répétaient les étudiants, certains ripostant à coups de pierres.

Des manifestations antigouvernementales réunissant des centaines de personnes ont également eu lieu dans les villes de Taez et d'Ebb (respectivement à 270 et 190 km au sud-ouest de Sanaa).

Enfin, des milliers de partisans du Mouvement sudiste ont marché dans plusieurs villes, selon des témoins. Ils brandissaient des drapeaux de l'ex-Yémen du sud et réclamaient la sécession de cette partie du pays.