AhaggarMardi dernier, à 16h, la maison de la Culture de la wilaya de Tamanrasset vivait une effervescence sans pareille. Une kheima installée à l’entrée. De l’autre côté, sur la place du 1er Novembre, les techniciens de l’Oref procédaient aux derniers réglages en prévision du méga concert de la soirée. Un sempiternel va-et-vient de la foule, composée de festivaliers, de badauds…À l’intérieur de la salle Dassine, c’était une succession d’intervenants à l’occasion de l’ouverture de la 2e édition du Festival international des arts de l’Ahaggar, en présence des autorités locales, des représentants de l’Assemblée populaire nationale et des consuls du Mali et du Niger. Farid Ighil Ahriz, commissaire du festival a, dans son allocution, mis l’accent sur l’importance d’un tel événement dans la vie culturelle de la région, mettant également en exergue l’immensité de la richesse du patrimoine immatériel dans l’Ahaggar. De son côté, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, par l’entremise de son représentant M. Betrouni, a déclaré que :“ célébrer les arts de l’Ahaggar est l’occasion de célébrer l’identité collective et de défendre les composantes de cette identité et l’expression de sa profondeur africaine”. Quant au wali de la capitale de l’Ahaggar, Meziane Saïd, il a également abondé dans le même sens avant de déclarer officiellement l’ouverture du festival. Dans le hall de la maison de la culture, une exposition intitulée “ Diversité des architectures de terre” accueille les visiteurs jusqu’au 18 du mois en cours. Cette exposition de photographies est l’une des cinq parties constitutives de l’exposition “Terres, d’Afrique et d’ailleurs”, produite par le ministère de la Culture lors du 2e Festival panafricain d’Alger en juillet 2009. À travers ces photographies, c’est tout le patrimoine architectural “ bâti en terre crue de différentes régions du monde” qui est mis en évidence. On y découvre les quatre techniques de construction les plus répandues utilisant ce matériau, à savoir l’adobe, le pisé, le torchis et la bauge.

Assegas Ameggaz…
Coïncidant avec la veille de la célébration de Yennayer, la première soirée de ce 2e Festival international des arts de l’Ahaggar a vu la participation de quatre formations, trois nationales et une du Niger. À 20h15, la grande place du 1er Novembre était bondée. Plusieurs centaines de spectateurs étaient là, à attendre le coup d’envoi des festivités musicales. C’est le groupe Tisrasrout d’Idelès qui démarra cette longue soirée hivernale de Tamanrasset avec des chansons sentimentales s’inspirant de la vie quotidienne. Un début timide, un peu lent, mais qui augurait un bon et beau programme.

Il sera ensuite suivi de l’autre formation venue de Bordj Badji-Mokhtar, Gueddi qui sera vivement applaudie par l’assistance pour ses chansons abordant la patrie, la paix et l’amour. L’ensemble de tindi Badi Lalla de Tamanrasset prit le relai. Une dizaine de femmes sur scène. Certaines jouaient au tindi alors que les autres chantaient. Un art qui vient du Mali et a su trouver une place de choix dans cette région de l’Ahaggar. Et pour clôturer cette première soirée des nuits musicales de la capitale de l’Ahaggar, qui s’annoncent chaudes en cette saison hivernale, Hamid Ekawel du Niger a enflammé le public avec des chansons relatant le vécu de cet artiste (sa culture, son enfance…), l’amour, l’amitié, la trahison et le courage. À travers son art, le chanteur (qui a collaboré avec Tinariwen ou Baly Othmani) véhicule un message : celui de la paix et de la tranquillité. Certes, ce sont quatre formations différentes avec quatre styles différents sans vraiment l’être, car exécutés avec sensibilité et passion. Toutefois, un point en commun les lie : la guitare électrique.

Sans renier leurs origines, ni occulter la beauté et la richesse de leur culture ancestrale, les trois troupes ont introduit cet instrument moderne, que la musique targuie a su s’approprier et adapter le son qui en sort aux différentes sonorités de leur musique. Lors de cette soirée, le public a eu à voyager au-delà des frontières, à travers toute l’Afrique subsaharienne. Par ailleurs, et jusqu’au 17 janvier 2011, les habitants de la ville de Tamanrasset et des localités environnantes pourront savourer les différentes sonorités venues d’Algérie et d’Afrique subsaharienne. Un art que ce festival tend à sauvegarder. Car au-delà de son côté festif, le 2e Festival international des arts de l’Ahaggar œuvre à protéger ce patrimoine immatériel de la perdition et de l’oublie. Pour ce faire, un riche programme, entre conférences, concerts musicaux et ateliers d’art dans le campement d’Aguenar, a été mis sur pied par les organisateurs afin de mieux porter la cause du patrimoine immatériel de l’Ahaggar.