CevitalAinsi, le kilogramme de sucre sera vendu au consommateur à 90 dinars au maximum alors que le prix de la bonbonne d’huile de 5 litres ne doit pas dépasser 600 dinars. Le ministre du Commerce, cité par l’APS, a appelé les grossistes à suivre cette démarche en les assurant qu’“ils recevront de la part des producteurs des chèques de ristourne”, couvrant le différentiel du prix, tout en assurant les producteurs qu’ils seront, à leur tour, “payés par l’État”. En effet, selon certaines sources, le gouvernement a décidé de rembourser aux producteurs les taxes qu’ils ont déjà payées (TVA et droits de douanes) sur les stocks de sucre et d’huile importés avant l’institution des dernières mesures par le gouvernement. À leur tour, les producteurs vont restituer le différentiel de prix aux grossistes. Le ministre du Commerce et les opérateurs économiques ont décidé de se rencontrer à la mi-février pour examiner les fluctuations des prix sur le marché international.

Pour rappel, les services du Premier ministère ont annoncé, dans un communiqué à l’issue d’un Conseil interministériel samedi, une série de mesures destinées à faire face à la hausse des prix de certains produits alimentaires. Le Conseil interministériel a opté pour la suspension des droits de douanes à l’importation du sucre roux et des matières de base entrant dans la fabrication des huiles alimentaires, entre le 1er janvier 2011 et le 31 août 2011. Le sucre roux et les matières premières, entrant dans la production des huiles alimentaires, sont aussi exonérés de la taxe sur la valeur ajoutée.

Le communiqué annonçait, par ailleurs, l’exonération de l’IBS sur l’activité de production, de traitement et de distribution des huiles alimentaires et du sucre. Cet impôt est de 19% pour les activités de production et de 25% pour les activités de distribution. “Ces exonérations temporaires et exceptionnelles de droits de douanes, de TVA et d’IBS, sur le sucre roux et sur les huiles alimentaires représentent un total de charge de 41% qui vient en déduction des prix de revient”. La mise en œuvre de l’exonération de l’IBS pourrait poser problème. S’agissant d’un impôt sur les bénéfices des sociétés, il est calculé sur un an, alors que l’exonération court entre le 1er janvier 2011 et le 31 août 2011. Mais selon des sources de la direction générale des impôts, il s’agirait d’une facilité concernant le régime des acomptes provisionnels en matière d’IBS.

Pour autant, certains producteurs estiment que la suppression de la TVA et des droits de douanes sur les huiles brutes et le sucre roux va faire baisser les prix de ces deux denrées. Par contre, l’exonération, même temporaire et exceptionnelle des droits de douanes et de la TVA exigibles à l’importation du sucre blanc, risque de tuer l’industrie algérienne de raffinage. Selon certaines sources, trois raffineurs estiment qu’ils ne pourraient pas soutenir la concurrence sur le long terme. Ils risquent donc de fermer, alors que le gouvernement ne cesse de dire qu’il souhaite soutenir et encourager l’économie nationale. C’est que parfois, le différentiel entre le sucre roux et le sucre blanc ne permet même pas de couvrir les frais de raffinage. Une raffinerie de Dubaï, par exemple, a récemment préféré revendre son sucre roux que de le raffiner. Et puis, grâce à des investissements qui ont été consentis par les quatre raffineurs, l’Algérie est passée du statut d’importateur à celui d’exportateur. Il y a donc lieu de s’interroger sur l’intérêt pour l’Algérie d’exonérer des droits de douanes et de la TVA exigibles à l’importation du sucre blanc. D’autant que des pays, européens et autres, font du dumping justement pour “tuer” l’industrie de raffinage, du sucre notamment, dans certains pays pour exporter. Le marché national dispose de capacités de production estimées à un peu plus de 2 millions de tonnes de sucre blanc par an, et les besoins du marché national sont de l’ordre de 1,1 million de tonnes. Il y a quatre raffineurs, en plus des importateurs, il n’y a donc pas de monopole sur le sucre.