Ghania ChérifEn début de semaine, un appel du SNJ sur facebook exhortait les collègues de la presse à se rendre en extrême urgence au CPMC de Mustapha-Pacha pour donner du sang à “une collègue souffrante”. On apprendra juste après quelques coups de fil par des amis qu’il s’agit de Ghania Chérif. à Liberté, où elle ne compte que des amis, on a croisé pour elle les doigts en priant qu’elle s’en sorte. Hélas, pour cette fois-ci, le destin en a décidé autrement : la maladie a eu raison de sa ténacité, de son courage. Pourtant, il y a sept années, Ghania Chérif a pu avoir miraculeusement le dessus sur son mal. Ses collègues et amis de la presse étaient contents de la voir revenir à la “trois”, de reprendre son travail et renouer avec ses réflexes de journaliste battante. Et avec quelle passion ! Quel dévouement ! Comme si elle voulait rattraper le temps perdu et surtout tourner définitivement la page douloureuse de sa maladie.

Ghania Chérif était une véritable boule d’énergie mais aussi d’humour qu’elle aimait manier, partager avec ses confrères d’autres journaux qu’elle invitait au studio pour commenter les faits d’actualité de la semaine. Elle avait toujours un mot, une anecdote pour rire. On la revoit encore toute pleine d’entrain, les feuilles entre les mains, se démenant à droite et à gauche dans les couloirs de la radio en attendant le top départ de son de “En toute franchise”, une émission où la langue de bois et les formules convenues ne sont pas de mise. Ce rendez-vous politique hebdomadaire où idées et arguments se télescopaient sans tabous sous l’œil approbateur et complice de la productrice, de l’autre côté de la vitre, était une des tranches les plus prisées de la “trois”. Après “En toute franchise”, on retrouve Ghania au micro pour une autre émission “En direct du Parlement”. Chaque fin de semaine, elle titille, elle bouscule, elle accule les députés en les amenant à croiser les mots pour donner un peu de relief à une Assemblée vautrée dans le confort de la platitude et du conformisme politique.

C’est d’ailleurs au Parlement que Ghania Chérif a pu faire ses gammes, comme beaucoup de journalistes de sa génération, qui ont rejoint la corporation qui venait de vivre sa révolution, après des années de parti unique. La première Assemblée pluraliste a été pour elle l’occasion de briller, de gagner ses galons en tentant de se faire l’écho des joutes homériques qui se déroulaient à l’hémicycle. Ghania a eu aussi à animer des débats sur le Sahara occidental, une cause qu’elle avait à cœur, comme beaucoup de ses confrères. Mais toujours avec ce souci du journaliste qui prend le dessus sur le sympathisant. Le dernier rendez-vous que Ghania Chérif avait avec ses auditeurs, c’était “L’invité de la trois” où ses invités, membres du gouvernement, représentants de la société civile sont là pour décrypter l’actualité et tenter de réponde à la question “où va l’Algérie ?”.

Ghania Chérif est partie, mais sa voix, comme celle de Mohand Saou, continueront à résonner dans les oreilles des auditeurs de la “trois”.