Nous apprenons de sources sûres que deux enquêtes liées à la spéculation du ciment viennent d’être finalisées par les services du groupement de Gendarmerie de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj après les investigations menées au niveau de la direction de l’entreprise du ciment l’Algerian Cement Campagny (ACC) et la cimenterie de Hammam Dalaâ de M’sila. Selon les premières informations, la fraude fiscale dans les deux affaires dépasse 171 milliards de centimes, des responsables au niveau de ACC et Dhalaa y sont impliqués dont des directeurs et responsables de magasins et de ventes ainsi que des commerçants de matériaux de construction.

Enquête sur le trafic de ciment23 personnes, dont le directeur central, le chef de service commercial, le chef du service des ventes de la société ACC, sise à Hydra, ainsi que la directrice des ventes et le responsable des magasins à la cimenterie de Hammam Dalaâ, dans la wilaya de M’sila, ont été présentés dimanche dernier devant le magistrat instructeur près le tribunal de Bordj Bou-Arréridj pour “association de malfaiteurs, fraude fiscale, spéculation illicite du ciment, faux et usage de faux, escroquerie, défaut de registre du commerce, usurpation d’identité”. Quatre des mis en cause ont été écroués dont deux vendeurs de matériaux de construction, les autres ont été mis sous contrôle judiciaire, alors que d’autres ont bénéficié de la liberté provisoire.

Selon des sources judiciaires, les éléments de la section de recherches du groupement de Gendarmerie de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj ont également présenté un caissier dans une agence Cnep, 4 commerçants de gros de ciment et 4 membres d’une même famille possédant une entreprise de transport des marchandises. Selon toujours notre source, la fraude fiscale dans cette affaire est estimée à 49 milliards de entimes. Les enquêteurs ont pu saisir une quantité de 80 tonnes de ciment dans cette affaire qui devait être destinée à la vente au marché noir.

L’autre enquête a été menée par les éléments de la brigade de la Gendarmerie de Bordj Bou-Arréridj le 24 mars dernier qui ont interpellé, dans un barrage fixe dressé sur la RN45, trois personnes à bord d’un camion transportant 79 tonnes de ciment sans factures.

Lors de son arrestation, le chauffeur a déclaré qu’un gérant d’une société de transport routier de Bordj Bou-Arréridj lui a confié le “transport de la marchandise à un commerçant de détail à Medjana (12 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj)”. C’était à l’opposé de la destination qui figurait sur la facture. Le gérant de la société “fictive” de transport routier, avec la complicité des employés de la société du ciment de M’sila, dont deux cadres de nationalité égyptienne et des banquiers, a réussi à monter un réseau très organisé de spéculation et à dominer le marché du ciment dans la région. Lors de cette opération, les enquêteurs ont réussi à saisir 99 tonnes de ciment.

En peu de temps, et avec cette société de transport fictive, les “cerveaux’’ du réseau recrutent des personnes qui créent un commerce et laisse la gestion aux trafiquants. Avec ces registres du commerce et ces cartes fiscales, ils se délivrent des bons d’enlèvement de ciment de l’usine de M’sila. Parmi ces personnes escroquées, une femme de Bordj Bou-Arréridj, âgée de 35 ans. En cinq mois, le chiffre d’affaires a dépassé les 22 milliards de centimes et l’impôt est de pas moins de 8 milliards de centimes.

Durant cette opération les trafiquants ont procédé à l’achat de 18 300 tonnes de ciment, soit 100 tonnes par jour.

Les investigations ont conduit à l’arrestation de 5 personnes impliquées dont 4 vendeurs de matériaux de construction. La fraude fiscale a été estimée à 122 milliards de centimes. Présentés devant la justice, 4 vendeurs ont été écroués alors qu’un responsable qui assurait l’intérim du directeur de la vente au niveau du Sud se trouve toujours en fuite ; sous l’objet d’un mandat d’arrêt, il est activement recherché.

Signalons que la vente du ciment fait toujours l’objet d’une spéculation. Une situation qui est à l’origine de l’augmentation excessive du prix du sac de 50 kg qui se vend aujourd’hui à 800 DA. Et devant ce fléau touchant l’économie nationale, en particulier le secteur de l’habitat, les services de la Gendarmerie nationale ont déclenché une vaste enquête sur les activités commerciales portant sur le ciment au niveau de plusieurs régions notamment les wilayas de l’Est, pour mettre fin au diktat des spéculateurs qui continuent à sévir.