L’OAIC étoufféCet organisme étatique dispose de plus de 5 millions de quintaux de ce type de céréales. Le rythme de ses ventes actuel évalué à 500 000 quintaux par mois est, note le ministre, trop lent pour permettre à l’OAIC d’avoir des infrastructures de stockage pour la production de cette saison. Il faut arriver, a-t-il poursuivi, à 1, voire 1,2 million de quintaux par mois afin que la situation se décante.

Les industriels, qui ont pris part à la réunion de jeudi, ont été unanimes à mettre en avant la qualité du produit local pour expliquer leur tendance à bouder celui-ci. « Les consommateurs sont de plus en plus exigeants. Il faut régler le problème de la qualité », a ainsi souligné un transformateur. « On nous accuse de ne pas être assez nationalistes, car on n’utilise pas la production nationale ; or nos clients nous disent que nous ne sommes pas nationalistes parce qu’on leur vend des produits de mauvaise qualité pour lesquels ont a eu recours à de la matière première locale », a fulminé un autre.

« La production nationale a fait des progrès sur le plan de la quantité mais peu sur le plan de la qualité », a renchéri le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Réda Hamiani. Taïeb Ezzraïmi, Pdg du groupe Semouleries industrielles de la Mitidja (SIM), s’est insurgé contre le fait qu’on impose aux entreprises du secteur de ne fonctionner qu’à 50% de leurs capacités en raison de l’approvisionnement qui ne dépasse pas ce seuil. « Les 50% nous permettent de travailler seulement un jour sur deux, soit six mois dans l’année », a-t-il signalé.

Il reviendra lui aussi sur la question de la qualité en soulignant que « les centres de nettoyage et de présélection ne sont pas opérationnels ». Le président de la Chambre nationale d’agriculture (CNA), Ould El Hocine Mohamed Cherif, interviendra pour rappeler : « Il y a 12 mois, tous le monde demandait à être fourni par l’OAIC quelle que soit la qualité. » « Ce problème n’a jamais été posé. Certains voulaient même être approvisionnés à hauteur de 100% », a-t-il ajouté, déplorant le retard pris dans la promulgation du code des céréales qui devait réguler cette activité.

M. Benaïssa a annoncé, dans ce sillage, que la réactivation du comité interprofessionnel des céréales, qui est sous la tutelle de l’OAIC, est composé de représentants de tous les maillons de la chaîne de production et de transformation des céréales. « Ce comité œuvrera pour la promotion du partenariat public-privé. Les différents acteurs travailleront pour l’amélioration de la production nationale avant d’arriver à organiser l’exportation et l’importation », a-t-il déclaré en réponse aux préoccupations soulevées par les participants à la réunion. Il a appelé ces derniers à « envisager de travailler de façon plus rationnelle à partir de la saison prochaine », afin d’éviter la réédition du scénario du blé dur.

Pour ce qui est de la qualité, il a indiqué qu’il s’agit davantage d’impuretés, de mauvaises herbes et quelquefois de mauvaises semences et la mauvaise maîtrise des techniques des moissons. Les producteurs de céréales ne sont pas les seuls à blâmer, a-t-il fait savoir. « Parfois, c’est le travail des meuniers qui est mal fait. Il faut qu’ils se professionnalisent », a-t-il estimé. Pour la saison en cours, le ministre prédit une bonne production au vu « des bonnes conditions climatiques » et « du travail meilleur » des agriculteurs.