C'est la direction des Actions sociales (DAS), en partenariat avec l'association Femmes Algériennes Revendiquant leur Droit (Fard), qui sont à l'origine de cette manifestation. Ont pris part également à cette journée de sensibilisation les représentations de plusieurs associations à caractère social, mais aussi la gendarmerie, la Sûreté nationale, un représentant de la direction des Affaires religieuses et la Protection civile. C'est le directeur de la DAS qui a ouvert la manifestation par une allocution au cours de laquelle il est revenu longuement sur ce phénomène qui touche la société et qui prend des proportions alarmantes.VL

Par la suite, un film-documentaire, signé Sid Ali Mazif, a été projeté, film dévoilant les témoignages et le calvaire de bon nombre de femmes victimes de violence conjugale, et ce à travers les quatre coins du territoire national. Revenant sur le chiffre «inquiétant» de ce nombre de femmes battues, chiffre enregistré dans les commissariats de différentes wilayas et qui prend de l'ampleur année après année, Mme Fatma Boufenik, présidente de Fard, a indiqué que ces chiffres, pour inquiétants qu'ils soient, ont tout de même un fond positif. «Ces chiffres ne démontrent pas qu'il y a de plus en plus de femmes victimes de violence.
Au contraire, la lecture de ces chiffres nous explique qu'année après année, les femmes n'hésitent plus à se rendre aux commissariats pour s'y plaindre. Il y a une sorte de tabou qui est en train de se briser, et c'est là où se situe le positif». On apprend aussi, d'après des statistiques faites sur un grand nombre de femmes battues, qu'une fois violentées, les femmes se rendent d'abord aux milieux sanitaires (41,47 %), ensuite à la police (27 %), suivi ensuite par les tribunaux (23,58 %), et pour finir, en dernier, aux cellules d'écoutes (7,89 %).

Les statistiques montrées lors de cette rencontre indiquent également que les femmes les plus victimes de violence, que ce soit physique ou morale, sont celles issues des grandes villes, et celles ayant un niveau d'instruction pour le moins élevé. Fatma Boufenik n'a pas tardé à démentir ces deux informations, selon elle «erronées» : «du fait de l'anonymat, les femmes des grandes villes éprouvent plus de facilité à aller se plaindre lorsqu'elles sont victimes de violence. Les femmes des petites villes et villages sont elles aussi exposées aux violences; seulement, elles ne parviennent pas encore à franchir le pas et à aller au commissariat. Même chose pour ce qui concerne cette statistique selon laquelle les femmes universitaires sont les plus violentées, pas du tout en vérité : vu leur niveau d'instructions, elles éprouvent plus de facilité à aller se plaindre et à réclamer leur droit, alors qu'une femme n'ayant aucun niveau d'instruction réfléchit à deux fois avant d'effectuer une telle démarche.

Encore une fois, cela ne veut absolument pas dire qu'elles sont épargnées par rapport aux universitaires, bien au contraire !». Comme solution pouvant réduire au maximum ce phénomène, l'association Fard préconise la création d'un numéro vert, et cela afin de baigner toutes celles qui sont victimes de violences dans l'anonymat le plus absolu et leur permettre ainsi d'aller se plaindre sans aucune espèce d'hésitation.