L’historien et chercheur en sciences sociales, Mr Abdelmadjid Merdaci, a assuré que l’émergence des personnes ayant la double nationalité dans la vie politique, et à des postes clés, ces dernières années, était en passe de devenir plus qu’un phénomène social, une véritable crise politique en Algérie. Assurant que ce phénomène pourrait devenir une menace pour l’identité nationale par le désagrégement des liens d’appartenance et d’identité politique. Mr Merdaci a, dans le même contexte, ajouté que nombre de ministres de l’actuel et de l’ancien gouvernement, ainsi que des responsables à différents niveaux de l’état, avaient la double nationalité.

Ambassade de France à AlgerLe chercheur considère, par ailleurs, que la plupart des personnes ayant la double nationalité sont des universitaires, des politiques, des intellectuels, des hommes d’affaires et des artistes, précisant que s’il n’y avait pas de chiffres exacts les concernant, il était certain que ceux-ci constitueraient une force influente politiquement et économiquement, engendrant ainsi un problème d’appartenance politique. Il fait ainsi référence à la réunion, tenue à Oran, l’été dernier, entre une parlementaire française et certaines personnes ayant la double nationalité, pour discuter de leur problèmes et des moyens de leur venir en aide en Algérie, considérant que ceux-ci bénéficiaient du droit de citoyenneté en Algérie, mais également de la protection politique des pays dont ils avaient acquis la nationalité.

Précisant, également, que le principal problème avec ceux-ci concernait le sort de leur enfants, puisque les binationaux préfèrent installer leur familles en France, mais jouir, en même temps, du droit du citoyen algérien et de tous les avantages sociaux politique et économique y afférent.

Mr Merdaci, qui à abordé la question lors de l’université d’été du RCD, a ajouté qu’il avait entrepris, en collaboration avec un chercheur français, une étude sur « les binationaux » et leur influence politique, économique et sociale, nonobstant le lien que ce phénomène avait avec le déni d’allégeance politique et le danger qu’il représentait pour l’unité nationale.

Le chercheur a en outre indiqué que l’apparition du phénomène coïncidait avec le retour progressif du tribalisme, l’apparition du féodalisme et du régionalisme, le pic de corruption, la hausse du taux de criminalité sous toutes ses formes, l’absence de références fixant l’identité islamique, arabe et amazigh de l’Algérie, la faillite des institutions sociales, comme l’école ou la famille.

Le président Bouteflika avait pour rappel adressé de vifs reproches aux algériens ayant la double nationalité, les qualifiants d’ingrats qui reniaient l’Algérie qui a tant dépensé pour les instruire et les éduquer. Plusieurs partis politiques avaient, quant à eux, dénoncé la présence de ces derniers aux plus hauts postes de l’état.

À noter que le gouvernement français étudit la possibilité d’accorder la nationalité française aux algériens nés avant 1962, particulièrement à ceux qui représentent l’élite du pays, les hommes d’affaires, et autres personnalités marquantes du pouvoir de décision en Algérie.