Amine est âgé de 7 ans. Il vient de commencer sa nouvelle année à l’école et, étonnamment, il ne semble pas aussi enjoué et motivé que l’année précédente. Ses parents ont noté un changement d’humeur et d’attitude: il semble préoccupé et stressé. Dès le petit-déjeuner, Amine se manifeste: «Je n’ai pas le goût d’aller à l’école!» Et cela se poursuit ainsi toute la journée… Puis, un jour, il crache enfin le morceau: «Je n’aime pas ma nouvelle “prof”. Elle est pas gentille avec moi. Elle est sévère…» Comment devons-nous réagir quand le courant ne passe pas?


Quelle est l’importance du lien élève-enseignant?

La motivation est l’un des facteurs les plus importants de la réussite scolaire: c’est ce qui pousse nos enfants à faire les efforts requis pour réussir. C’est un élément aussi crucial que les capacités intellectuelles.

Fille à l'écoleLa motivation scolaire peut dépendre, entre autres, de la qualité de la relation élève-enseignant. Quand il y a une belle complicité entre les deux, quand la relation est enrichissante et que l’enfant se sent valorisé, tout va bien. Il n’est pas rare cependant qu’au cours de sa vie scolaire, le temps d’une année, un enfant ne s’entende pas avec son enseignant.

Tout particulièrement dans ce groupe d’âge, les enfants peuvent être très affectés par un conflit ou par une mauvaise perception de celui-ci. Certains perdent tout leur enthousiasme quand arrive le temps des devoirs et des leçons ou lorsqu’il s’agit de se préparer pour aller à l’école. Ils veulent continuellement tout remettre à plus tard, semblent fatigués, irritables et font toujours le minimum requis. Ils ont aussi tendance à ne pas participer en classe, ou très peu, et adoptent des comportements d’opposition ou de repli sur soi.


Comment réagir si mon enfant n’aime pas son enseignant?

Le conseil de base:
faire preuve de prudence devant les propos de l’enfant à l’égard du nouvel enseignant et ne pas se rallier immédiatement à son point de vue. Ce n’est, bien souvent, qu’une question de malentendu, de tempérament ou d’adaptation de part et d’autre.

Les enfants peuvent parfois avoir l’impression que leur enseignant ne les aime pas, qu’il est injuste ou trop sévère envers eux. Encore une fois, il faut demeurer prudent puisqu’il s’agit évidemment de LEUR perception d’une réalité qui peut être bien différente. Lorsqu’un enfant est turbulent de nature ou qu’il a souvent tendance à s’opposer aux autres, il est normal qu’il se retrouve de temps en temps en situation de conflit avec l’enseignant (comme il le serait avec des amis, ses parents ou un voisin). C’est à ce moment-là que les parents doivent faire preuve de jugement: est-ce un problème lié à un conflit de personnalité avec cet enseignant en particulier ou avec l’autorité scolaire en général?

Si le conflit semble être avec l’enseignant (conflit direct), il faut faire preuve de délicatesse et ne pas laisser perdurer la situation puisqu’elle affecte l’enfant et peut hypothéquer sa motivation scolaire, non seulement présente mais future. De plus, en raison de ce conflit, l’enseignant peut être porté à limiter ses encouragements ou son soutien envers l’enfant, affectant d’autant l’estime de soi de ce dernier. En période scolaire, nos enfants passent plus de temps avec leur enseignant qu’avec nous, alors si cette relation n’est pas harmonieuse, les conséquences risquent de se faire sentir très rapidement.

Mais comment doit-on réagir?
Il faut le faire avec calme, tout en restant le plus objectif possible. Dans une telle situation, bien des parents vont, instantanément et instinctivement, prendre position en faveur de leur enfant (un réflexe bien normal en soi!) et se fermeront à tout ce qui mettrait en cause leur bébé. C’est ce qu’il faut absolument éviter! Soyez plutôt ouvert et réceptif, c’est la meilleure façon d’aborder le problème.


Voici quelques pistes d’intervention:

Écouter son enfant.
Soyez à l’écoute des plaintes et des préoccupations de votre jeune. Dites-lui que c’est bien qu’il en parle, qu’il s’exprime. Cela l’incitera à verbaliser ce qui le dérange, à exprimer ses émotions et lui permettra par la même occasion de s’en dégager. Évitez cependant de réagir de manière excessive et de le bombarder de questions, pour ne pas l’alarmer ni dramatiser la situation;

Récapituler les faits.
Revenez sur les faits, sur les points précis qui affectent votre enfant. Qu’est-ce qui le dérange, au juste: le comportement général de l’enseignant envers toute la classe (il crie, il est sévère…) ou des gestes dirigés vers lui seul? Est-ce que l’enseignant s’en est pris à votre enfant lui-même ou est-ce plutôt aux gestes ou aux comportements inadéquats de ce dernier? Nous devons parfois faire cette distinction nous-mêmes avec notre enfant: «Ce n’est pas toi que je n’aime pas, c’est le comportement que tu as eu!»;

Dédramatiser la situation.
N’alimentez pas les propos négatifs de votre enfant. Pour le jeune qui vit une telle situation avec son enseignant, c’est un drame et les faits rapportés sont souvent exagérés (surtout à ses yeux!). Relativisez les choses pour ne pas que la situation dégénère en crise. Si l’enseignant a crié en classe, expliquez à votre enfant que ce sont des choses qui arrivent… comme cela peut aussi se produire à la maison. Les enseignants sont des humains, eux aussi. Mentionnez-lui qu’à l’école, comme à la maison, il y a des règles à respecter et qu’il est normal que l’enseignant ramène ses élèves à l’ordre;

Faire preuve de patience.
Certains enfants, même s’ils affirment ne pas aimer leur nouvel enseignant, ont simplement besoin d’une période d’adaptation. Alors que votre petit adorait son «prof» l’an dernier, il se retrouve maintenant devant un nouvel enseignant aux exigences et au tempérament différents, qui lui conviennent peut-être moins? Encouragez-le à s’adapter et à accepter ces différences;

Communiquer avec l’enseignant, au besoin.
Si vous jugez que la situation le justifie, prenez rendez-vous avec l’enseignant. Allez vérifier les faits en demeurant objectif et, surtout, en évitant d’accuser qui que ce soit. Bien souvent, on se fait une montagne avec de simples malentendus ou on se rend compte qu’il s’agit de perceptions différentes qui peuvent être facilement corrigées par l’enseignant ou l’élève. Bien entendu, il est préférable d’avoir ces discussions en privé, sans l’enfant (à la première rencontre du moins).