"L'IAA 2009 a lieu au bon moment, au bon endroit", martèle Matthias Wissmann, le président de la fédération des constructeurs allemands VDA, organisatrice du Salon. Son argument: le pire de la crise est dépassé et l'IAA est là pour le célébrer, avec un "feu d'artifice d'innovations". Le Salon, qui se tient tous les deux ans en alternance avec Paris, fait pourtant pâle.

figure comparé à la précédente édition: le nombre d'exposants a fondu de 30% à 750, avec plusieurs absents de marque, notamment asiatiques. Les japonais Nissan, Honda, Mitsubishi et Daihatsu ont décliné l'invitation.

L'américain General Motors, récemment sorti de sa procédure de faillite, a renoncé à un stand propre et sera représenté avec Opel pour qui il vient de choisir le consortium russo-canadien Magna/Sberbank comme repreneur.

Au total, la surface d'exposition a été réduite de 15% et le nombre de visiteurs attendus avoisine 750.000, soit 20% de moins qu'il y a deux ans.

"Cet IAA est placé sous le signe de la crise", tranche pour l'AFP Frank Schwope, analyste de NordLB. "Je m'attends à plus de modestie, à moins d'évènements pompeux", abonde Stefan Sigrist, de LBBW. Depuis près d'un an, les grands noms de l'automobile bataillent contre une chute de leurs ventes, notamment en Europe de l'Ouest où les marchés n'ont redressé la tête qu'avec l'instauration de primes à la casse, comme en France et en Allemagne.

Au premier semestre, les ventes de voitures en Europe ont chuté de 11% sur un an, selon l'Association des constructeurs ACEA.

Mais Francfort se rêve toujours en "premier salon automobile du monde", selon la VDA, alors que le Tokyo Motor Show prévu cet automne a réduit de moitié le nombre d'exposants et que le Salon de Londres de 2010 a été purement et simplement annulé.

Surtout, l'IAA 2009 se targue de "82 premières mondiales", soit à peine moins qu'en 2007. Les constructeurs allemands se taillent la part du lion avec la moitié des présentations.

"Parmi elles, cela peut être des broutilles ridicules, comme la Polo en vert ou en bleu... C'est souvent beaucoup exagéré et une histoire de marketing", ironise Frank Schwope. "La voiture révolutionnaire ne viendra pas à Francfort" même si le Salon pourrait afficher "des progrès pour les voitures électriques et les hybrides" selon lui.

"L'IAA pourrait réussir à poser quelques symboles pour l'avenir du secteur", affirme, plus optimiste, Stefan Bratzel, professeur à l'institut spécialisé dans l'automobile de Bergisch Gladbach.

Tous les constructeurs ont le même mot d'ordre: développement durable et électromobilité. "Ce sera un IAA vert, on le voit dès le logo", avec deux mains se joignant du bout des doigts devant une pelouse verte et les tours de Francfort, prédit l'analyste M. Sigrist.

Peugeot, Hyundai, Renault, Volkswagen, les petites Smart et Mini, pour ne citer qu'eux, veulent présenter des modèles tout électriques, plus ou moins aboutis. Certains pourraient même donner des indications plus précises sur une éventuelle commercialisation en série.

"Il ne faut pas croire que la voiture électrique sera à vendre après la fin de l'IAA, dès la fin de l'année", rappelle Stefan Bratzel. "Mais le Salon est là pour donner l'envie".