De plus en plus souvent médecins et structures hospitalières sont poursuivis en justice par les malades ou leurs parents pour des préjudices corporels en rapport avec des erreurs médicales, des négligences ou des accidents médicaux fautifs, mais malheureusement la justice (n’ayant pas de structures spécialisées) résout très mal ces dossiers et cette situation fait qu’un grand nombre d’algérien estime que notre système de santé se détériore. Récemment encore, le ministre de la santé, lors de visites dans des établissements hospitaliers, a relevé un manquement aux règles d’hygiène dans certaines structures à tel point qu’il a chargé des médecins inspecteurs de faire des tours d’inspection dans les hôpitaux et de dresser un état des lieux dans ce domaine.

Qu’en est-il vraiment du système hospitalier public algérien ? Nos hôpitaux sont-ils revenus aux temps précédant Semmelweis (précurseur de l'hygiène hospitalière) et Pasteur qui imposa l’asepsie il y a plus d’un siècle ? En fait les principales causes de ces dysfonctionnements sont représentées par une succession de petites erreurs qui amènent à la catastrophe, qui peuvent faire basculer dans le drame une situation qui paraissait jusque là tout à fait normale.

Après avoir longtemps bataillé pour éliminer les seringues en verre (remplacé par les seringues à usage unique), puis le Poupinel remplacé par l’autoclave (mais l’est-il vraiment dans toutes les structures hospitalières ?), nous sommes encore, en 2009, aux champs en tissu dans nos blocs opératoires alors que les règles d’asepsie et la lutte contre les infections nosocomiales devraient imposer le non-tissé à usage unique. De plus, un grand nombre d’agents hospitaliers issus de « l’emploi jeunes » (payé généralement par l’APC) n’ayant aucune qualification exercent dans les hôpitaux d’où la succession de fautes d’asepsie.

Mais la faute n’incombe pas seulement à ce personnel non qualifié. En effet dans le cursus de formation médicale, l’hygiène, l’asepsie et l’antisepsie occupent une place négligeable et c’est ainsi que l’étudiant en médecine, acquiert les notions pratiques sur le tas durant ses stages hospitaliers où hélas de nombreuses situations à risque sont tolérées. La plus grave de ces situations à risque est le relâchement des règles d’hygiène élémentaire durant les gardes aux pavillons d’urgence. Si l’on ajoute à cela, l’augmentation des maladies chroniques qui crée de nouvelles demandes de soins de longue durée, l’augmentation des coûts de la santé par l’introduction de technologies innovantes et la mise sur le marché de nouvelles molécules qui poussent certains gestionnaires hospitaliers à privilégier les soins curatifs au dépens des mesures préventives.

Ces gestionnaires prennent parfois des décisions qui ne sont pas de leur ressort, décisions qui sont source de situation à risque. C’est le cas notamment d’un hôpital d’Alger où le bloc opératoire du pavillon des urgences a été dévié de sa vocation initiale à savoir la réalisation des interventions chirurgicales urgentes pour en faire une unité d’endoscopie, laissant l’équipe chirurgicale réaliser les interventions urgentes au niveau du bloc où doivent se dérouler les interventions programmées faisant ainsi courir un risque infectieux à des patients programmés pour des pathologies propres.

Toujours en matière de bloc opératoire, la maîtrise de la propreté particulaire et microbiologique de l’air est royalement ignorée et les filtres assurant le recyclage de l’air ne sont pratiquement jamais changé pourtant on sait très bien que l’infection du site opératoire a 3 origines : l’équipe chirurgicale, le patient, l’air ambiant.

C’est ainsi que lorsqu’un accident malheureux survient ou que le taux d’infections nosocomiales semble élevé, on décide soit de suspendre l’activité opératoire et procéder à un grand nettoyage (qui devrait en principe être réalisé régulièrement) soit faire des prélèvement bactériologique et proposer un traitement antibiotique dirigé contre le ou les germes incriminés sans qu’aucune analyse de la phénoménologie des accidents qui sont survenus ne soit réalisée de manière à en faire la pédagogie.

Quelles sont les solutions pour améliorer la situation et diminuer le taux d’infections nosocomiales ?

Les hôpitaux doivent absolument disposer d’équipes de maintenance biomédicale et non d’hommes à tout faire qui n’ont aucune compétence et qui surtout sont démunis de moyens matériel. Remettre à jour la formation d’infirmiers de bloc opératoire (IBODE) au niveau des écoles de formation. Assurer une couverture paramédicale suffisante en quantité et en qualité surtout la nuit dans les services hospitaliers.

Imposer la mise en place de procédures opératoires standard qui doivent être appliqué avec rigueur tant en ce qui concerne la circulation du personnel et des usagers dans les différentes structures de l’hôpital et à plus forte raison au bloc opératoire, le nettoyage, l’asepsie, la gestion des gaz médicaux (contrôle et changement des obus en sachant qui fait quoi, quand et comment et éviter ainsi les gags mortels de patient recevant en salle d’opération du CO2 au lieu et place de l’O2), le circuit du linge sale et propre etc.

Les systèmes experts de suivi des procédures existent. Que l’on ait le courage de les appliquer et de sanctionner ceux qui les ignorent : il y va de la vies d’êtres humains. Arrêtons de faire du saupoudrage : la lutte contre les infections nosocomiales ne se limite pas à l’organisation d’une journée scientifique annuelle consacrée à ce thème. Cette lutte doit être permanente avec une analyse régulière et une correction de toute anomalie constatée.