Mercredi soir, à la salle El Mouggar, à Alger, les festivités algériennes de cette manifestation ont été lancées par un spectacle modeste organisé par l’Office national de la culture et de l’information (ONCI). Seule était conviée l’artiste palestinienne Rim Banna.

Devant une salle archipleine, Khalida Toumi, ministre de la Culture, a rendu un hommage au défunt Yasser Arafat, au poète disparu Mahmoud Darwich et « à la reine des moudjahidate », l’Algérienne Djamila Bouhired, invitée d’honneur. Elle a critiqué l’attitude de Tel-Aviv d’interdire les activités de « Al Qods, capitale de la culture arabe 2009 ». « Ils ont voulu faire taire la voix culturelle de la Palestine. Ils ont commis un autre crime. Ils ont prouvé au monde entier, par leur esprit colonial, leur peur de la culture. Ils ne veulent pas reconnaître qu’el Qods est une réalité arabe », a-t-elle déclaré. La culture palestinienne est, selon elle, aussi ancienne que l’histoire depuis « nos pères Cananéens ». Bien avant les Hébreux, les Cananéens étaient installés en Palestine et en Syrie au IIIe millénaire avant Jésus-Christ. Ils ont construit El Qods. « La culture palestinienne ne craint ni leur armée ni leurs chars. C’est une culture pure », a lancé Khalida Toumi, soulignant qu’El Qods est « la capitale éternelle » de la culture arabe. « Ils ne pourront pas éteindre l’esprit de résistance qui est en nous. Ils ne pourront pas falsifier notre histoire… », a-t-elle ajouté. Elle a évoqué les Algériens déportés par le colonialisme français en Palestine vers 1870. Des Algériens qui ont pris part aux guerres de 1948 et de 1967. « Nous ne céderons pas.

Pas de compromission. Pas de normalisation. La résistance doit continuer », a appuyé la ministre de la Culture. Pour sa part, Mohamed Al-Hourani, ambassadeur de Palestine en Algérie, a rappelé qu’El Qods est la cité où l’homme a connu Dieu. « El Qods est la ville d’Allah, des prophètes et de l’homme. C’est l’endroit sur terre qui est le plus proche du ciel. Elle est la maîtresse des cités », a-t-il dit. Il a annoncé que la salle El Mouggar va abriter durant une année les festivités de « Al Qods, capitale de la culture arabe 2009 ». Plus de 90 activités sont prévues à cet effet. Pour la soirée inaugurale, le jeune Houssam Cheblak a suscité des ovations après une déclamation d’un célèbre poème de Mahmoud Darwich : « Ô passants devant des paroles éphémères, prenez une part de notre sang et partez ! Entrez dans un dîner dansant et partez ! A nous de veiller sur les roses des martyrs, à nous de vivre comme nous voulons. » Rim Banna a pris ensuite le relais. Elle a expliqué au public toutes les difficultés qu’elle a eues pour sortir de Cisjordanie et faire le voyage à Alger. « Il fallait beaucoup de défis pour venir en Algérie. Défier les barrages, les armes et les frontières.

Mais le rêve a besoin d’aventure ! », a-t-elle lancé avant d’ajouter : « Le chemin de la liberté est encore long ». Elle a débuté son récital avec une chanson a cappella, Longue nuit, dédiée aux mères qui résistent à Ghaza. Les officiels présents n’ont pas eu de mots pour Ghaza et le drame de janvier dernier. Akbala el massaa (le soir est venu) est une deuxième chanson en hommage aux milliers de Palestiniens. L’artiste a invité le public à l’accompagner dans son chant : « Prends moi avec toi, je résiste à la faim et à la séparation ». Rim Banna, qui chante depuis l’âge de dix ans, est un auteur-compositeur. Elle a étudié à l’Institut supérieur de musique de Moscou sous la conduite de Vladimer Karobka. Son époux, l’Ukrainien Leonid Alexeienko, chanteur et guitariste, ancien leader du groupe rock « Red Sky », l’aide dans la composition de ses chansons. Rim Benna, 43 ans, a produit plusieurs albums comme Jafra, New moon (nouvelle lune) ou El holm (le rêve). Elle a participé également à la bande originale de nombreux films dont Al Sabbar du Suisse Patric Burge ou Nur de la Libanaise Danielle Arbid. Elle reçu plusieurs prix en Allemagne, en Turquie, en Italie, en Tunisie et ailleurs.