Si les unes optent pour une nourrice, au mieux une nourrice à domicile pour les plus "aisées", la crèche reste la seule alternative pour celles qui ne font pas confiance à ce genre de gardiennage. "Je ne pourrai jamais partir tranquille si une porte se ferme derrière moi, en laissant ma fille. Elle n’avait que quatre mois quand j’ai décidé de reprendre le travail. Je n’avais pas le choix. Financièrement on n’était pas au top mon mari et moi. Et la venue de ma Myriam n’a pas arrangé les choses en termes de charges et de dépenses.

Il fallait ma contribution. Ma mère malade, ma belle-mère à 100 km de chez moi, j’ai dû très vite faire un choix", nous dit Rosa, 37 ans, secrétaire dans une entreprise étatique. Et le choix n’était pas facile à faire. Si pour son premier bébé, Rosa avait la chance d’avoir sa jeune belle-sœur à la maison, pour Myriam elle n’a personne. "On a fêté le mariage de ma belle-sœur lorsque j’ai atteint mes quatre mois de grossesse.

Le système de nourrice ne m’intéresse pas. Ma fille ne pourra même pas me dire si elle a été maltraitée ou pas. Dans une crèche il n’y a pas qu’une seule éducatrice.

Elles sont plusieurs. Même s’il s’en trouve des mauvaises, elles ne peuvent pas exhiber leur méchanceté en public. Alors je préfère mettre ma fille dans une crèche que de la laisser seule chez une nourrice. Et puis comme elle est dans la même crèche que son frère, je suis sûre que ce dernier vivra mieux notre séparation que d’habitude. Et puis je lui ai mis en tête qu’il était en mission. Qu’il devait veiller sur sa sœur.

Du coup, il vit mieux ses réveils le matin et on fait le trajet jusqu’à la crèche en chantant alors qu’il le faisait en pleurs d’habitude", ajoute Rosa. Entre crèche et nourrice, savons-nous seulement quel est le bon choix. En absence de cadre réglementaire pour les nourrices, englobant la formation, le suivi et le contrôle, l’inquiétude des mamans reste justifiée.

Mais vu le manque de scrupule de certaines éducatrices et gérantes de crèches même, l’inquiétude devrait rester de mise même en plaçant son enfant dans ces établissements qui pour certains ne devraient rien à voir avec les enfants. Ils sont rares heureusement. Mais certains établissements devraient fermer ou se convertir à d’autres activités, de préférence loin des enfants.

Nombreux établissements ont été fermés d’ailleurs récemment à Tizi-Ouzou pour des raisons multiples, notamment d’hygiène et de manque d’équipements et de ressources humaines. Seulement, peut-on tout maîtriser vu le nombre de crèches qui ouvrent à Tizi-Ouzou ? C’est en effet, l’une des activités qui a le plus de succès ces derniers temps à Tizi. On en trouve parfois plus de deux dans le même quartier. Tant mieux pour les parents qui trouvent l’endroit idéal pour leurs enfants. Mais bien souvent tant pis pour les enfants.

Certains établissements, heureusement rares, ne servent pas souvent ces derniers. C’est ce que nous révèlent les témoignages suivants. "Mon fils a 26 mois. Cela fait plusieurs mois depuis que je fais des efforts pour le mettre sur le pot. C’est fait depuis plus de trois mois. Mon fils n’a plus besoin de couches. Il prévient au moindre besoin. J’en ai parlé à la directrice de sa crèche et aux éducatrices qui sont responsables de lui. Mais rien n’y fait. Chaque jour, je découvre qu’on a remis mon fils aux couches. J’ai beau protester.

On lui met toujours une couche même si on me promet la veille que cela ne se reproduira plus. J’ai dû laisser tomber et essayer de mettre mon fils sur le pot uniquement les week-end. Je n’ai pas le choix. C’est la seule crèche du quartier. Je ne vais pas imposer à mon fils les transports en commun", nous raconte Kamélia. Si Kamélia se plaint des couches, le témoignage qui va suivre va certainement choquer et scandaliser plus d’un. "Ma femme de ménage travaillais dans une crèche. C’est d’ailleurs là que je l’ai connue. Elle s’occupait de mon fils. Elle m’a raconté que les autres éducatrices réduisaient les rations des gamins, à l’heure du déjeuner, pour ne pas avoir à leur changer la couche au cas où il feraient leurs besoins. Elle m’a expliqué qu’elles refusaient de resservir ceux qui en demandaient un peu plus, pour la même raison", raconte Hayet, maman de Ilyes. Elle ajoute qu’elle a retiré son garçon dès que l’ex-éducatrice lui a fait part des agissements de ses collègues. Hayet a proposé à son amie de la "dépanner" en l’aidant dans les tâches ménagère avant de trouver un emploi stable et surtout avec des gens honnêtes et bons ! Du côté des éducatrices, les rares qui avouent qu’elles n’ont pas le cœur à faire dans "le sentimentalisme pendant le travail", elles se défendent en avançant leurs soucis financiers en premier. Il semblerait qu’elles ne soient pas assez bien payées pour le travail qui leur incombe.

Des excuses bidon qui ne devraient justifier aucunement qu’on se comporte mal avec des enfants. Il est vrai qu’on ne parle pas de maltraitance, ce serait très grave d’ailleurs, mais certains agissements devraient cesser au risque d’aller loin. Certaines directrices de crèches semblent oublier leur responsabilité. Quant aux éducatrices, au lieu de parler de rémunération, ce qui est légitime mais en laissant loin les enfants, elles devraient d’abord remettre en question leur compétence et corriger leur manque de formation.

Les autorités devraient à leur tour surveiller de plus près ces établissements et corser un peu les conditions d’octroi d’agrément pour les crèches privées.