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À l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, le 19 novembre, l’ONU tient à rappeler que 2,4 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des toilettes sanitaires et sécuritaires. Selon le rapport 12,4 % des algériens n'ont pas accès à une toilette alors que 0,8 % défèquent en plein air. ce qui représente pas moins de 300.000 algériens qui font leurs besoins naturels dans la nature! Le constat est tout de même moins pire que chez notre voisin. Au Maroc 23,3 % de la population n'a pas accès à une toilette, alors qu'un marocain sur 10 défèquent en plein air.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une toilette dite adéquate doit empêcher tout contact entre l’homme et des excréments humains. Les installations communes sont des installations d’assainissement améliorées acceptables. Les latrines à fosse sans dalle, les fosses en plein air, les toilettes, les latrines suspendues, les latrines à seau et la défécation à l’air libre ne sont pas des moyens sanitaires.

L’Inde et les pays subsahariens sont parmi les États où l’accès à une toilette est extrêmement difficile. Dans ces pays, plus de 60 % de la population n’y a pas accès. Ce taux atteint 93 % dans le Soudan du Sud. À certains endroits, les toilettes sont impossibles à trouver. Dans d’autres, elles sont insalubres ou dangereuses.

Dans les endroits densément peuplés, comme les bidonvilles du Brésil et de la Bolivie, la gestion des eaux usées est compliquée, en raison de la quantité importante de matière fécale produite et l’absence d’infrastructures.

De plus, des millions de femmes craignent d’aller aux toilettes, puisque les installations n’ont souvent pas de serrure ou de porte et sont dans des lieux reculés, isolés et dangereux. Lisa Guppy, de l’Institut pour l’eau, l’environnement et la santé de l’Université des Nations unies, raconte avoir visité un village au Cambodge où les femmes mangeaient et buvaient peu pendant la journée pour éviter d’aller aux toilettes seules ou en public. «En soirée, des femmes partaient en groupe pour aller faire leurs besoins», se souvient-elle. Une étude a démontré que les femmes en Inde passent 97 milliards d’heures à chercher un endroit sécuritaire où aller aux toilettes.

L’une des priorités de l’ONU et de divers organismes non gouvernementaux est de réduire le nombre de personnes qui défèquent en plein air. Plus de 945 millions de personnes n’ont d’autre choix que de faire leurs besoins à l’extérieur. De ce chiffre, 560 millions sont en Inde. Cette pratique pose un grand risque de santé publique. L’assainissement inadéquat et l’eau insalubre sont responsables de millions de cas de choléra, de diarrhée, de dysenterie, d’hépatite A, de poliomyélite et de typhoïde. À noter qu'en Algérie, 706 enfants de moins de 5 ans, ont perdu la vie en 2016 à cause d'un manque d’hygiène ou d'eau potable.

Dans le monde, quelque 800.000 adultes et 360.000 enfants de moins de 5 ans meurent annuellement d'une maladie diarrhéique causée par un manque d'hygiène ou d'eau potable. «C’est plus que de morts causées par le sida, la tuberculose et la malaria combiné», explique Chris Williams, directeurde l’organisme Water Supply & Sanitation Collaborative Council.

Un autre problème environnemental grandissant est l’utilisation de sacs de plastique pour ramasser ses excréments. Heureusement, la défécation en plein air a été réduite de moitié depuis les 25 dernières années. En fait, plusieurs villes et villages en Afrique ont été déclarés des «zones sans défécation en plein air.»

Si le nombre de personnes sans accès à une toilette demeure très élevé, il y a eu tout de même du progrès depuis les 25 dernières années. La proportion de personnes qui ont accès à des installations sanitaires adéquates est passée de 54 % en 1990 à 68 % en 2015. En 25 ans, 2 milliards de personnes de plus ont eu accès à des toilettes. Par exemple, au Bangladesh, le nombre de personnes déféquant en plein air est passé de 30 % à moins de 2 % en 20 ans.

En Inde, on a interdit la construction de toilettes non hygiéniques, l’emploi de personnes pour enlever à mains nues des excréments humains des latrines et a mené une vaste campagne de sensibilisation. Il n’est pas seulement question d’installer des toilettes; il faut aussi penser à la gestion des matières fécales, à l’entretien des installations, de la sécurité et de l’éducation.

Un des objectifs de développement durable de l’ONU demande à la communauté internationale de garantir l’accès aux toilettes d’ici à 2030. Mais la tâche est encore colossale.

Cette année, la Journée mondiale des toilettes met l’accent sur les impacts de l’absence de toilettes sur l’emploi et l’économie.

Selon les estimations, dans plusieurs pays, les maladies causées par le manque d’assainissement et d’hygiène entraînent une perte de productivité pouvant atteindre 5 % du PIB et près de 20 % des morts au travail sont causées par des mauvaises conditions d’hygiène.

Des pays qui souhaitent améliorer leur croissance économique doivent absolument penser avant tout à la question sanitaire. «C’est le meilleur investissement qu’un gouvernement peut faire. Et il est possible de faire beaucoup en investissant des sommes modestes», dit Chris Williams, qui ajoute que des pays prospères devraient investir davantage dans des projets qui amélioreront l’accès à une toilette dans des pays en développement.