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15.399 civils ont été tués par des armes explosives au cours des onze premiers mois de l’année 2017, d’après une enquête mondiale de l’ONG britannique Action on Armed Violence (AOAV, Action contre la violence armée) rendue public le 8 janvier. Selon elle, «ce bilan dévastateur … suggère fortement que 2017 a été la pire année pour les civils victimes d'armes explosives depuis le début des recensement de l'AOAV en 2011». En effet, en comparaison avec les chiffres de l'ensemble de l'2016, le nombre de victimes a augmenté de 46% sur les onze premiers mois de 2017.

Cette hausse est en grande partie due aux bilans meurtriers des frappes aériennes. En 2017, celles-ci ont tué près du double de civils par rapport à 2016: l'enquête affirme que le nombre de victimes de raids aériens a augmenté de 82%, passant de 4902 en 2016 à 8932 en 2017. Cette hausse coïncide avec les frappes aériennes menées par la coalition dirigée par les Etats-Unis en Irak et en Syrie.

Membre de la coalition arabo-occidentale qui est active en Irak et en Syrie, le Royaume-Uni a déclaré qu’il n’y avait aucune preuve crédible permettant d'affirmer que ces frappes aériennes aient entraîné la mort de civils. Face aux interrogations des députés britanniques sur le critère utilisé par l’armée pour distinguer un terroriste d’un civil, une porte-parole du ministère britannique de la Défense a assuré au Guardian que son pays faisait en sorte de «minimiser les risques» pour la vie des civils grâce à un «processus de ciblage rigoureux» et au «professionnalisme des équipages de la Royal Air Force». Elle a par ailleurs ajouté que des enquêtes seraient menées sur la base de requêtes «crédibles».

Iain Overton, directeur exécutif d'AOAV, a déclaré pour sa part que les données publiées par l’ONG faisaient planer un doute sur les affirmations du ministère de la Défense. «Dans une tentative de combattre le terrorisme, les forces utilisent des armes aériennes contre des groupes qu'elles considèrent comme une menace et, ce faisant, elles tuent énormément de civils», a-t-il affirmé. Il a ajouté: «Cela soulève des questions fondamentales sur les affirmations de la Royal Air Force, selon lesquelles il n'y a aucune preuve que des civils sont tués dans ses opérations.»

En novembre dernier, une enquête de terrain menée en Irak par des journalistes du New York Times, a révélé que les pertes civiles étaient 31 fois plus élevées que les chiffres officiels livrés par la coalition arabo-occidentale. Entre avril 2016 et juin 2017, les journalistes ont passé au crible quelque 150 sites frappés par l'aviation arabo-occidentale depuis le début des opérations en 2014.