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Devant l’émotion suscitée dans le pays, l’ambassade d’Algérie à Bagdad, qui envisage un éventuel rapatriement, a demandé aux autorités irakiennes d’interdire toute visite à la journaliste, en raison de sa «fragilité psychologique». Il faut savoir que les médias chiites rapportent son état de santé au quotidien, la filmant entourée de militaires et officiels du Hachd Al-Chaabi! De nombreux journalistes algériens dénoncent une «exploitation sectaire» de la part des chiites.

Les paupières baissées, le visage figé, le débit saccadé et surtout ses paroles qui paraissent soufflées par son intervieweur irakien indiquent que Samira Mouaki n’est plus en pleine possession de ses moyens. Une évidence selon sa famille, ses collègues et une grande majorité d’Algériens indignés par l’exploitation, par certains milieux irakiens, de la jeune femme affaiblie.

Samira Mouaki était toujours partante pour les fronts chauds. Journaliste réputée de la chaîne Al-Chourouq-TV, elle avait insisté auprès de sa rédaction pour faire partie de l’équipe couvrant la bataille de Mossoul contre Daesh. Samira n'a jamais caché son enthousiasme pour el-Hachd Al-Chaabi, une armée de mobilisation populaire principalement composée de combattants chiites.

Samira Mouaki, ne faisait pas toujours l'unanimité avec des reportages à la gloire des forces irakiennes chiites, dans une Algérie sunnite. Le refus de la journaliste de rentrer au pays à la fin de sa mission, cet automne, Mouaki préférant continuer de travailler pour les médias des milices chiites irakiennes, avait suscité étonnement. Mais depuis son annonce, dans une vidéo, de sa conversion au chiisme, l’affaire s’est transformée en psychodrame national en Algérie.

«Je suis la fille d’Al-Hussein et c’est un honneur pour moi … Vous savez qui est Al-Hussein, il est chiite. Cela suffit», les images de Samira Mouaki déclarant dans la foulée qu’elle n’était plus sunnite ni algérienne ont enflammé les réseaux sociaux et provoqué un choc dans le pays.

Le 13 février 2017, Samira Mouaki est blessée à la tête par un sniper de Daesh. Transportée par hélicoptère à l’hôpital et accompagnée en personne par la ministre irakienne de la Santé, sous le regard des caméras; la famille de la journaliste dénonce une exploitation médiatique.

Sous la pression algérienne, les autorités irakiennes viennent de désigner deux psychiatres pour prendre en charge Samira. Dans une nouvelle déclaration filmée diffusée mardi, Samira Mouaki s’excuse finalement auprès des Algériens pour les propos qu’elle a tenus et affirme son dévouement à son pays.